Le 22 mars prochain, l’humanité célèbrera la Journée Mondiale de l’Eau sous le thème « Eaux souterraines. Rendre visible l’invisible ». Au même moment, s’ouvrira à Dakar le 9è Forum Mondial de l’Eau, une première en Afrique, conjointement organisé par le Conseil Mondial de l’Eau et le Gouvernement du Sénégal, du 21 au 22 mars 2022. Les changements climatiques, l’explosion démographique et la forte demande en eau font que la gestion des ressources hydriques va constituer un des défis majeurs du XXIème siècle. Nous examinerons successivement les enjeux posés par la question de l’eau et la nécessité de la gestion intégrée des ressources en eau.

Les enjeux posés par la question de l’eau

D’emblée, il faut rappeler que les prémisses du droit international sont tributaires des négociations autour de la gestion des cours d’eau internationaux dans le but d’éviter des conflits entre Etats (Commission internationale du Rhin et autres). A présent, face à la rareté des ressources en eau, ces enjeux géopolitiques sont toujours d’actualité. Les tensions autour de la gestion du barrage de la Renaissance sur le Nil bleu entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie ne sont pas encore résolus. Dans plusieurs localités, les conflits opposant nomades et sédentaires ont souvent pour cause l’accès à l’eau. Outre ces aspects, il faut noter que l’absence et la mauvaise qualité de l’eau sont les sources principales des maladies répertoriées dans le monde.

La nécessité de la gestion intégrée des ressources en eau

Très souvent, les ressources en eau couvrent des superficies qui vont au-delà des limites frontalières des Etats. Il en est ainsi des fleuves qui prennent leurs sources dans un Etat donné, traversent plusieurs autres Etats et dont l’embouchure se trouvent dans un autre Etat. La gestion de telles ressources en eau appelle la coopération des pays riverains du fleuve pour leur partage rationnel et pour éviter des conflits. Le bassin du fleuve Sénégal obéit parfaitement à ce schéma. L’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) est une illustration de la gestion intégrée des ressources en eau. Les quatre pays membres (Sénégal, Mali, Mauritanie et Guinée) se sont entendus pour la gestion en commun des infrastructures régionales pour l’électricité et autres usages, notamment l’agriculture. Sa nomination pour le Prix Nobel de la Paix constitue en soi une juste récompense des efforts fournis par l’organisation pour la gestion collective des ressources en eau et des usages connexes en faveur des populations riveraines du bassin du fleuve Sénégal.

Sur le plan interne, ici en Guinée, un accent particulier devrait être mis en place en vue d’une préservation des ressources en eau et leur gestion intégrée en faveur de tous. Il pourrait s’agir d’accentuer le reboisement des points d’eau, d’adopter le système de pollueur-payeur et le principe de précaution dans les divers projets de développement, la préservation des écosystèmes côtiers par l’interdiction de remblai, d’adopter un moratoire sur les forages en milieu urbain, la sanction des déversements des produits toxiques dans les cours d’eau, ….

En somme, face aux changements climatiques, l’adage selon laquelle « l’eau, c’est la vie » revêt, de nos jours, une signification toute particulière pour le XXIème siècle. La question de l’eau est un enjeu géopolitique susceptible d’être source de conflits à la fois internes et internationaux. La préservation des ressources en eau et sa gestion intégrée constituent le salut pour l’humanité.

Dr Thierno Souleymane Barry,

Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour