Mon colonel, je suis un de vos admirateurs. Je le dis haut et fort. Je le dis sans gêne. Mon cœur vous a choisi depuis le 5 septembre dernier. Oui ! Ce jour, vous avez sauvé ce peuple martyr de Guinée d’une dictature que personne ne pouvait imaginer. Renverser le pouvoir dictatorial et sanguinaire de M. Alpha Condé n’est qu’un service rendu au peuple de Guinée. A ce niveau, moi je vous resterai éternellement redevable.
J’ai dit la vérité au temps du Professeur Alpha Condé, autant je le ferai à votre temps, mon cher colonel. Rien ni personne ne m’empêchera de vous dire la vérité. C’est ce que j’ai toujours fait d’ailleurs depuis longtemps. Aujourd’hui tout mon souhait est de vous voir sortir par la grande porte de l’histoire après l’exercice du pouvoir. Vous êtes un jeune intrépide colonel et vous avez tout l’avenir devant vous. Le chemin que suivra chacun d’entre nous est déjà tracé par l’être suprême, personne ne déviera.
Mon très cher colonel, évitez les chemins interdits. Évitez de faire semblant de ne rien voir et de ne rien entendre. Quand vous jouez à ce jeu de sourds-muets, mon cher colonel, vous risquerez fort de vous retrouver dans une situation délicate où tous ceux qui vous applaudissent là, à cet instant T, finiront par vous fuir. (Le cas de M. Alpha Condé doit à tout prix vous servir d’exemple. Comme on aime à le dire, le malheur est toujours orphelin).
Pendant cette période de tohu-bohu, vous n’avez nullement intérêt à vous faire des ennemis, mon cher colonel. Pour le moment, notre pays n’en a pas besoin. Mon cher colonel, je vous suggère de faire vite et de bien faire.
Saliou Diallo