Gouvernement, syndicat et patronat se sont retrouvés autour de la table le 30 mars à Cona-cris. Au cœur des négociations, une plate-forme revendicative de 22 poings du Mouvement syndical. Le ministre du Travail et de la Fonction publique, Julien Yombouno, représentant du Premier ministre, a dirigé les cancans.
« Les revendications portent sur plusieurs points, entre autres, la revue à la hausse du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti) qu’ils veulent voir passer de 400 000 à 1 700 000 francs guinéens, une allocation de loyer portant sur 2 millions de francs, celle du transport à 272 000 francs. En outre, les syndicats réclament quatre échelons de grade administratif dont l’Etat serait redevable aux travailleurs de la Fonction publique », indique la Cellule de communication du gouvernement.
Côté patronat, Jacques Théa, invite les acteurs à ne pas perdre de vue la «conjoncture qui frappe de plein fouet la vie économique et sociale» de tous les pays du monde. «J’invite chacun et tous à tenir compte de la conjoncture que nous vivons actuellement. Le patronat, nous employons beaucoup de personnes. Si nous subissons trop de pressions, ça pourrait entraîner des coupes d’emplois. Nous souhaitons aboutir à une entente. Nous ne voulons pas de crise, car nous en avons trop souffert dans ce pays », prévient-il.
Les arguments
Moussant Cissé, le ministre du Budget, s’est dit sensible aux préoccupations du syndicat et du patronat. Il précise que « même si par principe nous ne sommes pas opposés, car nous sommes tous des salariés, n’oublions pas le contexte dans lequel nous évoluons». Il rappelle qu’au lendemain de l’avènement du CNRD au pouvoir le 5 septembre 2021, le budget de l’Etat a été adopté en tenant compte de l’environnement local et international. «Sur un budget estimatif de 26 000 milliards GNF, sur ressources propres, nous avons des dépenses obligatoires pour les salaires de 7 000 milliards, 1 600 milliards pour les pensions, la dette nous coûte 1 200 milliards GNF et 3 500 milliards de GNF au titre de la subvention pour l’électricité, 404 milliards pour les structures sanitaires et 504 milliards pour les universités ». Le ministre ajoute qu’après tout, il restera encore au gouvernement quelque 9 000 milliards de francs glissants pour la sécurité et les investissements des routes. «Nous sommes dans une crise mondiale qui dépasse les compétences d’une petite économie comme la nôtre. Il faudra en tenir compte lors de vos travaux, c’est pourquoi, je souhaite que ce soit une entente plus qu’une négociation », souhaite-t-il.
Son collègue de la Fonction publique, Julien Yombouno, a déclaré que le gouvernement «examinera avec la plus grande attention» les 22 poings de la plate-forme. «Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir, pour éviter des crises en Guinée », s’est-il exclamé.
Yaya Doumbouya