Le Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD, pourrait ne pas sourire. La mission conjointe de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui a séjourné en Guinée le 27 et le 28 février dernier, vient de rendre public ses résultats. Elle n’y va pas du dos de la cuillère, pour dénoncer l’absence de chronogramme sur la fin de la Transition en Guinée. Elle se dit « très préoccupée par l’absence de chronogramme acceptable pour le retour à l’ordre constitutionnel, six mois après le coup d’Etat militaire du 5 septembre 2021 ».

Après avoir noté le non-respect du délai de six mois indiqué par les chefs d’Etat de la CEDEAO le 16 septembre 2021 à Accra, les émissaires de la CEDEAO et de l’ONU exhortent les autorités de la Transition à « fournir dans les meilleurs délais, un calendrier acceptable pour le retour à l’ordre constitutionnel », même s’ils ont salué la mise en place du CNT (Conseil national de la transition), chargé par la Charte, de définir la durée de la transition.

Ces derniers temps, la classe politique et des gens de la société civile ont réitéré leur appel à un dialogue avec la junte. Rien n’y a fait. Le CNRD est interpellé par la mission conjointe « à mettre en place un cadre de dialogue pour des consultations avec les acteurs sociopolitiques, afin d’éviter une détérioration de la cohésion sociale ». S’exécutera-t-il ? On croise les doigts.

Pour enfoncer le clou, les émissaires ouest-africains et onusiens ont dénoncé une « hausse de la tension sociale causée par la récupération des biens de l’Etat » par la Direction générale du Patrimoine Bâti Public plutôt que par la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières, CRIEF.

C’est pourquoi, ils exhortent les autorités du CNRD à mener l’opération « conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur » en Guinée. Sûr que la junte l’entendra de bonne oreille.

Du cas Alpha Grimpeur

Sans évoquer un quelconque retour du Prési déchu, Alpha Grimpeur, les émissaires ont « salué la libération de l’ancien Président de la République qui a pu se rendre », officiellement à Abu Dhabi (Emirats-Arabes-Unis), pour des soins médicaux, le 17 janvier passé. «Après avoir pris acte de l’engagement de la CEDEAO à travers le président de sa commission monsieur Jean Claude Kassi Brou en date du 23 décembre 2021 relatif à la possibilité pour l’ancien président de se rendre à l’extérieur pour des contrôles médicaux dont la durée ne peut pas excéder un mois sauf avis contraire des médecins traitants ». L’acte « purement humanitaire » du CNRD avait suscité des interrogations sur le retour d’Alpha Condé en Guinée. Les interrogations se multiplient, après que le patient Alpha a passé maintenant plus d’un mois aux Emirats-Arabes-Unis, sans aucune communication officielle sur « cette durée prolongée ».

Les diplomages, Mahamat Saleh Annadif, Représentant Spécial des Nations du Secrétaire Général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et le Sahel et Dame Shirley Ayorkor Botchway, ministre ghanéenne des Affaires Etrangères et Présidente du Conseil des ministres de la CEDEAO qui a piloté la mission conjointe ont remercié les autorités du CNRD pour l’accueil chaleureux ainsi que pour les « facilités mise (sic) à leur disposition » durant leur séjour.

DMS