Le 25 mars, la Guinée a signé un accord-cadre sur l’exploitation du gisement de Simandou avec Rio Tinto Simfer et Wanning Consortium. Cet accord-cadre concerne les blocs 1 et 2 (Rio Tinto Simfer) et les blocs 3 et 4 (Winning Consortium) sur 35 ans. Cette fois, la Guinée a négocié et obtenu gratuitement 15% du capital des sociétés qui détiendront le chemin de fer et le port.
Ces deux sociétés devront construire deux infrastructures dont le coût est de 15 milliards de dollars. Il s’agit du chemin de fer de Beyla à Forécariah (670 km) et du port en eau profonde à Moribayah (Forécariah). Ces infrastructures entreront dans le giron de l’Etat guinéen dès la fin des travaux de construction.
Selon Fadi Wasni, responsable de Winning Consortium, cet accord-cadre va permettre le développement conjoint de ce projet gigantesque. « L’effort de tous va permettre une accélération du processus et une reprise du travail dans de meilleures conditions pour que ce projet arrive à maturité et puisse amener plus de développement et plus de richesses en Guinée. Ce projet va amener la prospérité en termes d’emplois, de redevances, d’impôts et de développement humain pour notre pays ».
Géraud Moussarie, Directeur général de Rio Tinto Simfer a annoncé qu’il a hâte de travailler avec ses nouveaux partenaires et l’Etat guinéen.
Ce qui différentie cet accord des autres porte généralement sur la bonification des avantages accordés à la Guinée. Le ministre des Mines et de la Géologie, Moussa Magassouba, jubile : « Avant, la Guinée avait 0%, donc 0 franc guinéen dans le capital. On a négocié et parvenu à obtenir 15% des rails, 15% du port, 15% des mines ».
Ce qui contraste avec la précédente convention initiale de base où il était dit que quand les sociétés construisent les infrastructures, elles les utilisent jusqu’à 30 ans avant qu’elles ne reviennent à la Guinée. « Nous sommes parvenus à obtenir que ces infrastructures-là, dès leur réalisation à l’instant T, vont devenir propriété de l’Etat. Nous allons créer une agence nationale de gestion de la structure ferroviaire et portuaire. Nous avons dit que les infrastructures qui vont être construites, les rails en particulier, ne seront pas seulement pour le minerai. Ils vont être un multi usage : minerai, passagers, produits agricoles. Ça a été l’une des conditions les plus strictes que l’Etat guinéen a posée ».
Selon le ministre Magassouba, la Guinée a aussi demandé que toute autre société minière qui va s’installer dans ce corridor Sud-Est de la Guinée, accède à ces rails. Egalement chaque entreprise qui s’installera en Guinée désormais, la formation, le transfert du savoir à la Guinée est une obligation non négociable.
L’autre avancée dans cet accord, selon le ministre, est que le chronogramme d’exécution des travaux est précis : les 670 km des rails et le port en eau profonde doivent être réalisés d’ici décembre 2024, la première production commerciale doit se faire au plus tard le 31 mars 2025.
Le Simandou hébergerait jusqu’à 4 milliards de tonnes de minerai de fer. Selon une analyse faite de la banque américaine JP Morgan, les quatre blocs devraient livrer annuellement 100 millions de tonnes de minerai de fer à plein régime, dont 60 millions de tonnes pour les deux blocs gérés par Winning Consortium Simandou. Ce dernier regroupe des intérêts chinois, français, singapouriens et guinéens, alors que Rio Tinto Simfer est une coentreprise entre le chinois Chinalco et l’anglo-australien Rio Tinto.
Diallo O