Les chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) réunis le 25 avril à Accra au Ghana ont donné un ultimatum à la junte guinéenne. Elle a jusqu’au 25 avril pour présenter un calendrier «acceptable» du déroulement de la Transition en Guinée. Ce 28 mars, Ousmane Gaoual Diallo, ministre de l’Urbanisme et porte-parole du gouvernement, invité de l’émission Mirador de FIM FM, a déploré l’attitude de l’institution. Pour lui, l’ultimatum de l’organisation sous régionale n’engage pas la Guinée.
«La CEDEAO est dans son rôle de brandir des menaces de sanctions contre la Guinée. Notre pays n’a jamais évolué sous le joug des sanctions, quelles qu’elles soient. Aucun pays n’évolue dans cela. Il faut faire attention ! La CEDEAO est un partenaire important pour la Guinée et vice-versa. Je pense que le rapport doit être compris. Nous n’étions pas autour de la table lorsque les chefs d’Etat ont pris l’ultimatum. La Guinée n’a pris aucun engagement de donner un chronogramme pour telle ou telle période, cela ne fait pas partie des échanges que nous avons eus avec l’institution», déclare Ousmane Gaoual Diallo.
A l’avènement des militaires au pouvoir à la suite du putsch du 5 septembre 2021, la CEDEAO avait exigé à la junte l’organisation des élections dans une période de six mois. Cette exigence n’est plus à l’ordre du jour, puisque la période a écoulé. Le porte-parole du gouvernement estime que l’organisation sous régionale devrait plutôt se préoccuper des problèmes « plus urgents » que de brandir des menaces contre la Guinée. «Est-ce que le retour à la stabilité au Mali, au Nigeria, au Burkina Faso préoccupe la CEDEAO ? Les sanctions économiques conduisent à l’appauvrissement des pays et plongent les populations en difficulté. Est-ce que c’est cela la mission de la CEDEAO ? La Guinée n’évolue pas sous le diktat de qui que ce soit. Depuis 1958, nous traversons des situations extrêmement difficiles. La CEDEAO était où, de 2010 à 2020 ? Elle n’existait pas ?».
Pour Ousmane Gaoual Diallo, la CEDEAO doit prendre en compte le contexte, l’histoire et les spécificités de chaque pays avant de prendre des décisions le concernant. Il attend de l’Organisation un accompagnement en lieu et place des menaces de sanctions. «Nulle part il n’est écrit qu’un pays de la CEDEAO doit subir les injonctions des autres. Ce n’est pas comme cela qu’évoluent les organisations internationales, où les décisions sont prises au regard des contextes», ajoute-t-il.
Pour le porte-parole du gouvernement de la Transition, rien ne sert de précipiter les choses. Il a invité la CDEDAO, d’autres acteurs de la Transition, à ne pas exiger l’alignement des dates, car l’objectif est d’éviter de reproduire les erreurs du passé. «La Transition n’est pas une question d’agenda, c’est une question de contenu. Nous sommes à l’écoute de l’opinion et nous essayons de nous ajuster régulièrement», conclut-il.
Yaya Doumbouya