Le 6 mai, Alpha Sidoux Barry, économiste et ancien journaleux, a animé une conférence à l’université Général Fory Coco de Sonfonia. Le thème : La nécessaire réforme de la monnaie guinéenne.
D’entrée, il a fait l’historique de la monnaie guinéenne créée le 1er mars 1960 et celle-ci a connu différentes réformes en 1961 et 1963 qu’un changement de billets, la réforme de 1972, plus radicale pour adopter le Syli, une nouvelle unité monétaire au taux de 1 Syli pour 10 francs guinéens. « On espérait que cela allait causer un double choc psychologique au sein des agents économiques et des populations pour améliorer la situation monétaire du pays. Etant donné que la politique monétaire et la politique économique qui ont été poursuivies étaient fondées essentiellement sur le fait que chaque fois que l’Etat avait des difficultés de trésorerie, il demandait à la Banque Centrale de faire des avances au Trésor public. Cela est tout à fait normal, mais il faudrait que ces avances soient remboursées durant l’exercice en cours. Or, en Guinée, ces avances ne sont jamais remboursées, donc elles s’accumulent. On procédait à un acte de pure création monétaire. C’est-à-dire, on imprime des billets de banque, on les introduit dans le circuit économique sans contrepartie en valeur réelle, en biens et services, donc cela nourrit forcément l’inflation et la hausse généralisée des prix ».
Selon Sidoux, à la fin de la première République en 1984, il s’imposait une nouvelle réforme monétaire, sur le marché parallèle, le cours du Syli était de 300 sylis pour 1 dollar, alors que le taux officiel devait être de 24,6 sylis pour 1 dollar. « A cause de cet écart, il a fallu sur recommandation du FMI qui propose toujours la même thérapeutique, procéder à une dévaluation de 92% de la monnaie. Et nous sommes revenus en franc guinéen, nous avons adopté un taux officiel de 1 dollar pour 285 Francs guinéens. Voilà donc une profonde dévaluation qui ne peut que se traduire par l’augmentation vertigineuse des prix et une détérioration de niveau de vie de la population. Cette thérapeutique du FMI s’est révélée totalement nocive et impuissante, parce qu’elle était fondée sur ce qu’on a appelé dans les années 80, les Programmes d’ajustement structurel qui s’adossaient aux Facilités d’ajustement structurel du FMI. Donc, on accordait un crédit au pays et on lui demandait de pratiquer la vérité des prix, en se fondant sur la théorie néo-libérale. Il faudrait que l’Etat sorte de la sphère des activités productives et se limite à ses fonctions régaliennes traditionnelles.»
De l’intégration monétaire
Le conférencier note que les politiques du FMI se sont avérées désastreuses dans les pays du Tiers-monde où elles ont été menées, particulièrement en Afrique. Ainsi, les pays de la CEDEAO ont ont-ils décidé de se doter d’une monnaie unique. « Un projet qui remonte à 1975, lors de la création de la CEDEAO. En 1980, les dirigeants ont voulu accélérer, ils se sont fixé comme échéance l’an 2000. L’an 2 000 arrive, la ZMAO (Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest) ne voit pas le jour. Mais chemin faisant, la CEDEAO a voulu se rattraper pour aller à l’Eco. Cette monnaie va être fondée sur 4 critères de convergence : le taux d’inflation, le déficit budgétaire, l’endettement extérieur, le niveau de réserve de change. On demande à tous les pays de satisfaire tous les points de convergence, pour aller vers la monnaie CEDEAO, Eco , on s’est fixé une échéance : 2027 ».
La si douce solution
Alpha Sidoux Barry préconise quatre réformes, « nécessaires », de la monnaie guinéenne. Premièrement, changer le nom de la monnaie : la nommée Cauris, Nina, ou Guinzé. Deuxièmement, réduire d’un zéro la valeur faciale de la monnaie, pour des raisons purement pratiques que les chiffres soient comparables aux chiffres en valeur absolu à ceux des pays de la zone Franc. Troisièmement, la Banque Centrale de se préoccuper moins de lutter contre l’inflation, que de promouvoir la croissance économique. Quatrièmement, restructurer au le système bancaire. « Actuellement, 80% des activités en Guinée sont purement commerciales et spéculatives. Il faudrait que les banques financent le développement, les activités d’investissement, créer une banque agricole », a conclu le Sidoux.
Ibn Adama