Le 28 juillet, Cona-cris était en ébullition. A l’appel du Front national pour la défense de la Constitution, des centaines de Guinéens sont descendus dans les rues de la capitale pour dénoncer la gestion solitaire de la transition par le CNRD. De Gbessia à Kénien (sur l’autoroute Fidel Casse-trop), en passant par l’Axe Leprince, la manif a été ponctuée d’échauffourées pendant toute la journée. Bilan : une quarantaine de blessés, selon le FNDC, 88 arrestations, près d’une dizaine de blessés dans les rangs des hommes en treillis, selon la flicaille. Pire, un mort au quartier Hamdallaye 2, dans la commune de Ratoma. Abdoulaye Barry, sexagénaire, employé de maison, a été touché par balle à la tête, alors qu’il était à son lieu de travail. Il a succombé avant que ceux qui l’ont secouru n’arrivent à l’hôpital Jean-Paul II.
Dans la famille du défunt, c’est la stupéfaction : «Hier matin, il est allé au travail comme les autres jours. Il faisait tranquillement son boulot, c’est là qu’il a reçu une balle. A 17h, nous avons tenté de le joindre, il ne décrochait pas. La famille qui l’emploie nous a informés finalement à 19h qu’il était décédé», déclare Mamadou Moussa Barry, neveu du défunt.
Le corps d’Abdoulaye Barry se trouve actuellement à la morgue du CHU Ignace Deen. La famille souhaitait l’enterrer ce vendredi même. Mais Mamadou Moussa Barry explique que demande leur a été faite par les organisations de défense des droits de l’Homme d’attendre une autopsie : «Nous l’avons laissé finalement à la morgue avec certains de nos oncles… L’enterrement n’aura pas lieu aujourd’hui, parce que nous devons désormais attendre l’autopsie. L’avocat de ses employeurs se charge du dossier». Il dénonce le mutisme des autorités de la transition, leur demande de mettre fin à ces tueries : «Nous sommes là depuis hier, nous n’avons vu aucune autorité, personne. Nous leur demandons de faire la lumière sur ce meurtre. Aujourd’hui, la Guinée ressemble à une jungle, c’est le plus puissant qui gagne. Les autorités doivent savoir qu’elles sont en train de radicaliser les citoyens. Elles doivent savoir que l’instabilité dans un pays commence toujours par les injustices. Cela doit s’arrêter…»
Abdoulaye Barry était originaire de Mitty-Mamassali, dans la préfecture de Dalaba, en Moyenne-Guinée. Il laisse une veuve et neuf enfants.
Yacine Diallo