Le 28 juillet et le 4 août, des manifestations «pacifiques et citoyennes» sont prévues en Guinée, sur l’initiative du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution). Nombreux acteurs politiques et de la société civile se mobilisent, pour exiger de la junte le retour à l’ordre constitutionnel.
Frustrations, indignations et dénonciations…, ils ne sont pas exhaustifs les qualificatifs qu’expriment les acteurs politiques et de la société civile vis-à-vis de la Transition. Le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) est reproché d’une gestion «unilatérale» du pouvoir. De quoi irriter acteurs politiques et sociaux qui exigent de la junte un cadre de «dialogue sincère», pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Pour cela, le FNDC recourt aux manifestations. Parmi ses revendications, l’ouverture d’un cadre de dialogue, le respect des droits et libertés publics. Il dénonce aussi «l’instrumentalisation» de la justice que le Président Mamadi Doumbouya considère boussole de la Transition. Or, aux yeux du Front, ce n’est qu’un instrument d’«humiliation et d’harcèlement» de leaders de la société civile et ceux des partis politiques qui «dénoncent la gestion autoritaire et unilatérale» de la junte.
Ayant salué la nomination de Thomas Yayi Boni comme médiateur de la CEDEAO dans la crise guinéenne, les démarches de celui-ci rassurent peu le Front, qui estime que ses manifestations n’entameront aucunement sa volonté de dialoguer avec les militaires ainsi que d’écouter le Médiateur. La marche, moyen de pression qu’exploite le Front depuis l’air Alpha Condé, reprendra le 28 juillet. Elle partira du rond-point de la Tannerie jusqu’à l’Esplanade du Palais du peuple, en passant par les quartiers Yimbaya-Gbessia-Bonfi-Kénien-SIG-Madina.
Face à l’attitude du CNRD, d’autres blocs d’acteurs politiques et de la société civile se forment, pour soutenir les manifestations. Histoire de mettre pression sur la junte pour une gestion inclusive, avec à la clé, un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Amertume, préoccupation
Dans une déclaration du 25 juillet, la CORED (Convergence pour la renaissance de la démocratie en Guinée), note avec une «profonde amertume et une réelle préoccupation» la gestion «unilatérale et exclusive» de la Transition par la junte. Elle accuse le CNRD et le gouvernement «de piloter à vue et à leur guise» la Transition, «sans aucune précision ni de visibilité». Le tout, dans un climat de «violations constantes et flagrantes» des droits et libertés publics, ainsi que la Charte de la Transition dont le CNRD en demeure l’unique artisan.
«Ces attitudes n’honorent ni la junte ni le pays. Maintes fois dénoncées, cela illustre bien la négation et la confiscation des libertés individuelles et collectives. L’instrumentalisation de la justice et la violation croissante des droits des citoyens dans les procédures judiciaires», dénonce la CORED. Ainsi, la plateforme se joint au Front pour battre le pavé dès le 28 juillet dans le Grand-Conakry. «Total solidarité vis-à-vis des positions citoyennes et républicaines du FNDC et nous soutenons ses manifestations pacifiques», écrit la CORED.
Le Rpg arc-en-ciel brise le silence
L’ex parti au pouvoir, le Rpg arc-en-ciel, s’est résigné jusque-là, évitant de confronter directement la junte qui a renversé son champion, le 5 septembre 2021 et conduit ses cadres en prison, pour des présumés détournements de deniers publics et enrichissement illicite, entres autres. Mais, le 23 juillet à l’assemblée générale du parti à Gbessia, le Rpg arc-en-ciel est sorti de son mutisme. Saloum Cissé, son secrétaire général, a déclaré qu’ils ne reculeront devant rien, même devant la mort. «On ne va plus croiser les bras. Il faut qu’on se lève, il faut qu’on soit présent, comme un arbre dans le désert. De tous les côtés, qu’on nous voit. La direction nationale du parti vous invite à vous lever et d’être prêts, dès que le mot d’ordre sera donné, nous allons agir». En termes clairs, le parti soutient les manifestations annoncées par le FNDC, son adversaire d’antan.
L’Union des forces démocratiques de Guinée ainsi que l’Union des forces républicaines ont aussi appelé à manifester le 28 juillet. Les Forces vives de la Nation, autre plateforme politique, n’évoque pas ouvertement de manifestation, mais réitère son appel à un sursaut national, «par la conjugaison des efforts», pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Yaya Doumbouya