La Guinée va peut-être renouer avec les manifestations de rue. Le Front national pour la défense de la Constitution a annoncé son nouveau calendrier de protestation. Il appelle les Guinéens à battre le pavé le 28 juillet dans le Grand-Conakry et le 4 août sur toute l’étendue du territoire.

Le FNDC rompt la trêve. Puisque les négociations entre la junte militaire et les forces socio-politiques trainent, il compte aller au front à partir de la semaine prochaine. Alors qu’il avait suspendu sa manif du 23 juin dernier pour donner la chance au dialogue enclenché par le PM, Mohamed Béant, le FNDC donne finalement rendez-vous aux « militants pro-démocratie » dans les rues du Grand Cona-cris pour, dit-il, protester « l’absence d’un cadre de dialogue entre le CNRD, les acteurs politiques et de la Société civile, la confiscation des droits et libertés des citoyens, l’instrumentalisation de la justice par la junte militaire pour humilier et harceler les leaders politiques et de la société civile, la corruption endémique, le retard  volontaire de l’ouverture du procès des crimes de sang et le refus obstiné du CNRD de publier la liste nominative de ses membres et de se soumettre à l’obligation de faire la déclaration de leurs biens ».

Mais d’aucuns s’interrogent sur l’opportunité d’organiser des manifs pendant que le médiateur de la CEDEAO, à Cona-cris, tente de rapprocher les positions : «Nous avions reporté notre marche du 23 juin sur la demande des partenaires sociaux et ceux internationaux. Depuis la dernière rencontre avec le Premier ministre, nous n’entendons plus rien, il n’y a eu plus aucun but. Et à cause de la gestion unilatérale de la transition, le mépris et l’arrogance vis-à-vis des acteurs sociaux et politiques (…), nous avons donc jugé nécessaire de reprendre les manifestations », explique Sékou Koundouno, responsable des stratégies et de la planification du FNDC. Il dénonce la volonté du Chef de la junte de s’accrocher aux 36 mois validés par le CNT. Lors du Conseil des ministres de ce 21 juillet, Mamadi Doumbouya  a instruit son ministre de la Communication à travailler sur un planning de vulgarisation du chronogramme de la transition : «C’est un chronogramme du CNRD qui est conflictogène et qui n’’engage pas le peuple de Guinée. Beaucoup d’éléments concourent de façon objective à pousser le FNDC à être dans la rue, pour prouver au CNRD qu’il ne représente pas le peuple de Guinée ».

Thomas Boni Yayi, médiateur désigné par la CEDEAO dans la crise guinéenne, séjourne actuellement à Cona-cris. Il poursuit ses consultations avec les acteurs concernés dans un hôtel de la place. Selon Sékou Koundouno, le FNDC n’a pour le moment pas été consulté : « Il a son agenda qu’il mène tranquillement en Guinée. Nous n’avons été ni contactés ni consultés pour l’instant, mais nous estimons qu’il a son agenda. Le FNDC et les autres acteurs ont le leur. Nous estimons que tous ces agendas vont concourir à la stabilité du pays… Le CNRD doit respecter notre droit à la manifestation ». Un poing, c’est doux !

Yacine Diallo