Le calendrier de la Transition de trois ans divise en Guinée. L’ambassadeur des États-Unis en Guinée, S.E Troy Darmian Fitrell, envoie un message fort à la junte, il demande instamment aux autorités de la Transition de s’engager pour un retour rapide vers une démocratie constitutionnelle. Face à la diaspora guinéenne des USA -Ligue guinéo-américaine des amis de la liberté-, Troy Fitrell n’a pas fait dans la langue de bois : plus la Transition est longue, avertit-il, plus les frustrations vont crescendo. Le diplomate a plaidé pour le respect des libertés fondamentales, alors que le CNRD a interdit depuis mai dernier toutes les manifestations sur les places publiques.

«Comme nous sommes partenaires du peuple guinéen, nous plaidons pour les libertés fondamentales, pour l’ouverture des participations politiques, et pour la justice et pour la dignité. La Guinée est née comme Nation de paix et de leadership. Les citoyens de la Guinée, de la région et le monde entier ont besoin d’une Guinée qui s’appuie sur cette histoire. En ce moment, les Guinéens de toutes origines ont faim d’une plus grande participation politique, une prestation de service plus efficace, plus d’opportunité, plus de sécurité pour leurs enfants et un système politique plus ouvert et plus transparent. En bref, les Guinéens veulent plus de démocratie. Pas moins », a déclaré Troy Fitrell.

Depuis le 5 septembre, la Guinée est dirigée par une junte militaire, à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya qui a renversé Alpha Condé après un troisième mandat controversé ayant englué le pays dans une crise politique sans précédent. Si l’arrivée des militaires au pouvoir avait été applaudie, il faut dire que neuf mois après, beaucoup ont déchanté. Le manque de concertation et de lisibilité dans la conduite de la transition a ravivé les tensions dans le pays. Interpellé à maintes reprises sur les dérives autoritaires des autorités de la transition, le diplomate américain en poste à Conakry dit avoir entendu les cris de cœurs des Guinéens. « Nous entendons vos appels et nous continuons d’exhorter le Gouvernement de Transition à une transition rapide vers une démocratie constitutionnelle. Plus la transition est longue, plus le Gouvernement de transition risque l’instabilité et la frustration de la population guinéenne.

En Guinée, mon équipe et moi encourageons le dialogue entre toutes les parties prenantes pour renforcer le pluralisme politique et veiller à ce que la voix de chacun soit entendue. La société civile, l’opposition politique et les groupes représentants de larges perspectives doivent être autorisés à participer ouvertement à la vie démocratique sans intimidation ni harcèlement pendant la Transition. Nous avons été clair sur le fait qu’un tel dialogue politique ne peut réussir que si toutes les parties se sentent en confiance qu’il peut y avoir un résultat positif », a-t-il indiqué.

Et de poursuivre : «Nous demandons instamment au Gouvernement de transition de s’engager à un calendrier de transition transparent et à des critères de référence publics de sorte que la communauté internationale, et plus important encore le peuple guinéen, puissent demander des comptes au Gouvernement de transition sur ses promesses à un retour rapide à un régime civil et à un ordre constitutionnel. Nous soutenons également les efforts de la Cedeao pour tenir le Gouvernement de transition responsable devant le peuple guinéen et les encourageons de travailler ensemble, de bonne foi ». 

L’ambassadeur des États-Unis en Guinée n’a pas manqué de rappeler que les efforts de l’ancien président Alpha Condé pour un troisième mandat, n’étaient ni consultatifs, ni transparents. Et cela, souligne-t-il, a entraîné une crise politique.

« Pour éviter un sort similaire et atténuer les tensions, toutes les parties prenantes, y compris les partis politiques, le Gouvernement de transition ont la responsabilité de travailler ensemble au profit du peuple guinéen. Permettez-moi de réaffirmer que la Guinée est un partenaire essentiel des États-Unis. Nous sommes fiers de nous tenir avec le peuple guinéen pour construire un avenir meilleur. J’adore ce pays et son peuple. Quelles que soient les différences politiques que l’on peut avoir, nous voulons tous la même chose pour l’avenir de la Guinée », a lancé le diplomate.

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