Avec le coup de force du 5 septembre du Colonel Mamadi Doum-bouillant, qui a éjecté Alpha Grimpeur du Palais Sekhoutouréah, les Guinéens ont cru tourner la page de la mal gouvernance. Onze mois après, c’est le statu quo, suivi des bavures et impunités comme au temps régime déchu. Invité de l’émission «Mirador» de FIM FM le vendredi 19 août, le prési de l’ARENA (Alliance pour le renouveau national), Sékou Goureissy Condé se dit déçu du comportement de la junte au pouvoir, pourtant applaudit au départ. «Nous, nous ne pouvons que regretter de la détérioration du climat socio-politique guinéen ». Il commence par mettre l’accent sur le cas du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) dissout par le ministre de l’Administration du trottoir et de la décentralisation, Mory Condé. Mais sur quelle base ? s’interroge-t-il. «Où est le problème ? Pourquoi le FNDC veut manifester ? Il n’a demandé qu’un cadre de dialogue, si tel est le cas, c’est simple. Il faut que les Guinéens aient confiance aux Guinéens avec des solutions simples. Pour cela, il faut sortir de l’esprit de confrontation et de démonstration de force. Également, il faudrait qu’on revienne au schéma Guinéo-guinéen »,  fulmine Goureissy Macoute.

Des solutions pour sortir de l’impasse

L’ancien médiateur de la République affirme qu’une crise n’est jamais gérée trop tard, une paix n’est jamais évitée trop tard. «A cinq minutes d’une crise, il peut y avoir une solution. J’invite les autorités du pays à déléguer une personne vers le bas peuple, pour recueillir nos avis précis et ensemble s’asseoir pour discuter ».

Pour Monsieur Condé, la solution doit être guinéenne, il faut une conscience nationale. Selon lui, si nous voulons « régler le problème, la CEDEAO ne sera que complémentaire. D’abord, c’est le pouvoir qui doit organiser les voies et moyens pour faciliter le dialogue. Encore une fois, la solution est bien à portée de mains, il suffit juste d’éviter la mentalité de rapport de force ou d’épreuve de force ou de montrer ses muscles, mais de savoir plutôt ce que nous faisons de notre pays. La CEDEAO n’a aucune force en dehors de la société guinéenne, ou de l’État guinéen et leur bonne volonté. Les autorités de la transition doivent être mises au premier plan ».

Comment stimuler cette conscience nationale, si certains réclament un cadre de dialogue, d’autres estiment qu’il n’est pas nécessaire ? Sékou Goureissy Condé tente de répondre : «L’État est trop fort pour s’entêter et j’ai l’impression qu’il s’entête. Je le regrette, l’État est trop fort pour montrer ses forces, car il est déjà une force. Il faut toujours se demander ce que les uns et les autres veulent mettre dans le panier. Quand il s’agit d’intérêt national, il ne faudrait pas choisir la tête des interlocuteurs. Les gens savent quand vous dites la vérité ou quand vous jouez. Le problème de tous les chefs d’État de la Guinée, c’est l’entourage. Et ce n’est même pas ceux qui sont près de lui, c’est plutôt ceux qui vous applaudissent de loin et qui ne connaissent même pas vos préoccupations».

Manif du FNDC

«Si le ministre Mory Condé invitait trois porte-paroles du FNDC pour discuter, légal ou illégal, ce sont des Guinéens. Qu’il leur explique qu’il ne veut pas de manifestation, car cela peut être violent, le problème serait alors réglé. Personnellement, je ne suis pas un adepte des manifestations, je suis plutôt un acteur de paix et de dialogue, mais je veux des efforts très concrets, rapides et immédiats de la classe dirigeante vers ceux qui crient et pleurent. Et je pense qu’on peut le faire», souhaite l’ancien médiateur de la République.

Quelle différence existe-t-il entre les transitions dans la sous-région ?

Au cas par cas, Dr Condé affirme que les situations diffèrent, bien que le Niger ne soit pas dans le cas de figure, mais il reste quand-même confronté au terrorisme comme le Burkina. « Globalement et majoritairement, le Burkinabé est juste. Premièrement, il n’y a pas un seul parti politique au Burkina qui soutient la transition de la junte. Dire que nous sommes alliés, tu n’oses pas. Ils ont pris le pouvoir et le peuple les laisse gérer le pouvoir et discuter avec leurs interlocuteurs. Deuxièmement, la dernière innovation, un groupe d’intellectuels, anciens journalistes, hommes politiques et ambassadeurs ont créé un cadre d’interposition ou d’observation pour la bonne réussite de la transition. Donc, les sociétés ne sont pas les mêmes. Pour le Mali, c’est le peuple qui crie. Les problèmes maliens ne peuvent pas se résoudre sans une négociation entre les couches intérieures et les partenaires extérieurs. Le cas guinéen est complètement différent. En tout cas, en Guinée, aucun homme politique ne dira désormais qu’il vaut mieux que les militaires interviennent que de laisser l’autre continuer. Nous avons dépassé ce niveau. Donc, soyons objectif pour résoudre nos problèmes », a conclu Sékou Goureissy Condé.

Kadiatou Diallo