C’est désormais acté. Le Front National pour la Défense de la Constitution n’existe plus aux yeux du gouvernement de transition.

C’est à travers un arrêté en date du 6 août paru le 8 août 2022, que le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation a annoncé cette décision de la junte, visant à mettre fin à l’existence de l’entité réunissant plusieurs organisations de la société civile guinéenne et partis politiques.

La nouvelle suscite une vague d’indignation au sein de l’opinion. Comme de nombreux observateurs, notamment des juristes, le célèbre écrivain romancier guinéen n’arrive pas à comprendre le fondement de cette démarche.

« Je viens d’entendre qu’un certain Mory Condé qui se dit Ministre de l’administration du Territoire vient de décréter la dissolution du FNDC. C’est moi qui délire ou c’est lui qui est devenu fou ? Au nom de quoi, sur qu’elle base juridique ? », s’interroge-t-il d’entrée de jeu.

Pour Tierno Monénembo, il n’est pas du ressort du Comité National du Rassemblement pour le Développement de procéder à une quelconque interdiction.

« Mamadi Doumbouya et ses sbires ne disposent d’aucune légitimité pour interdire quoique ce soit en Guinée. Son régime est parfaitement illégal. Nous l’avons simplement toléré un moment en pensant qu’il se serait empressé d’organiser des élections honnêtes après une transition brève et transparente. Maintenant que son intention de demeurer éternellement au pouvoir est apparue et que sa gestion clanique et opaque du pays est manifeste, il ne détient plus une once de légitimité. Tout ce qu’il fait est illégal, à plus forte raison, interdire le FNDC, ce poumon de la nation », a-t-il martelé.

Très pessimiste, l’auteur du Roman les Crapauds-brousse, dit regretter d’avoir acclamé le Commandant du Groupement des Forces Spéciales, qui a évincé Alpha Condé.

« Nous regrettons vivement d’avoir applaudi, le 5 Septembre dernier, ce CNRD aux allures mafieuses, puisqu’il n’ose même pas afficher la liste des membres. En effet, ce régime est bien pire que celui d’Alpha Condé. Ce dernier a fait beaucoup de conneries mais il n’a ni expulsé Cellou et Sydia de leurs domiciles, ni baptisé l’aéroport du nom de Sékou Touré. Il n’a pas non plus transformé ses ministres en éboueurs (…). Cet acte ignoble et révoltant ne peut qu’accentuer notre colère, que renforcer notre détermination à lutter jusqu’au dernier degré pour l’avènement d’une démocratie pleine, entière dans notre pays éploré par 64 ans de dictatures sanglantes », a-t-il asséné.

« Guinéens, mettons de côté nos contradictions internes, unissons-nous comme un seul homme pour faire barrage à la dictature naissante. Si nous laissons le pouvoir quelques jours de plus à ces caporaux…le pays est foutu », prévient-il.