L’imam de la Grande mosquée Fayçal, Mamadou Saliou Camara et l’archevêque de Cona-cris, Vincent Koulibaly, tous co-présidents du Comité des Assises nationales, ont remis le rapport final au Prési de la Transition, le 24 août. Lancées le 22 mars dernier, les Assises nationales ont été bouclées, avec 45 recommandations sur divers domaines. Selon le doc, 86 249 Guinéens ont participé aux Assises, 4 787 témoignages ont été collectés sur les actes de violence et de violation des droits humains dans le bled. Parmi les recommandations jugées «urgentes» : la mise en place d’une Commission ad hoc pour le suivi et l’exécution des recommandations, ainsi qu’une vulgarisation du rapport.
L’archevêque Koulibaly préconise «urgemment» la prise en charge des victimes de violences et violations des droits humains, la régularisation de la situation des fonctionnaires mis à la retraite, par «erreur».
Au sujet des recommandations liées «à la manifestation de la vérité», il s’agit, notamment de mettre en place une commission vérité et réconciliation ainsi que d’un comité scientifique qui aura pour mission d’écrire l’histoire générale de la Guinée. Il faudra « démarcher » pour obtenir la déclassification des archives sur la Guinée, dans le bled et à l’étranger.
Concernant la justice, le Comité des Assises nationales recommande de réhabiliter toutes les victimes politiques de tous les régimes «en cassant les jugements», d’accélérer la tenue des procès notamment sur les évènements de janvier-février 2007, du 28 septembre 2009, d’août 2012 et autres crimes de sang lors des manifs politiques et syndicales. Il exhorte aussi l’adoption d’une loi pour la protection des victimes et des témoins, d’identifier et de punir les auteurs des violences et des violations des droits humains lors des manifs.
Le rapport préconise à l’Etat de reconnaître sa part de responsabilité dans la gestion du passif historique du pays, suivie d’une présentation publique des excuses aux victimes. Il faudra également restituer aux ayants droit les biens spoliés et procéder aux réparations symboliques. Aussi, transformer la partie carcérale du Camp Camayenne (ex-camp Boiro) en lieu de mémoire, par l’érection de monuments, institutionnaliser une journée nationale de souvenir à la mémoire des victimes de violences et de violations des droits humains. «Eriger des stèles et monuments dans tous les lieux de mémoires, attribuer aux édifices et voies publiques des noms puisés dans notre patrimoine historique, localiser les charniers pour identifier les corps afin de restituer les restes aux familles des victimes», a lu l’archevêque Koulibaly.
Mieux partager les richesses
Au sujet des réformes institutionnelles, le Comité recommande de renforcer l’appareil judiciaire, d’élaborer une loi contre les propos à caractère ethnocentriques, communautaristes, créer une institution nationale de prévention, de gestion et de résolution des conflits, réduire le nombre des partis politiques. Le Comité plaide aussi pour le renforcement des ressources infrastructurelles et financières pour faciliter l’accès aux services sociaux de base, veiller à l’application de la loi anti-corruption, améliorer la répartition des richesses nationales. «Appliquer les plans de gestion social et environnement de tous les projets, notamment dans les zones d’exploitation minière, ainsi que le respect du contenu local, durcir la loi sur la mutilation génitale féminine, adopter une autre contre les mariages précoces et forcés, accentuer la formation professionnelle des Forces de défense et de sécurité (…), promouvoir une culture de dialogue», a plaidé le Comité des Assises nationales.
Yaya Doumbouya