Absent sur la scène politique depuis plusieurs années, Sékou le Schérif Fadiga, membre du Conseil politique de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) est de retour au bercail. Ce 4 août, invité de l’émission «Mirador» de FIM FM, il persiste à soutenir qu’il a vu venir le coup d’Etat du 5 septembre et qu’il l’avait aussi écrit. «J’avais prédit la chute de monsieur Alpha Condé, parce que tous les régimes autoritaires, lorsqu’ils continuent de durcir leur position, ils arrivent forcément un moment où la corde va se couper. Ce n’est pas du tout surprenant. Le 5 septembre, j’ai approuvé le coup de force et souscrit complètement à ce qui s’est passé. Onze mois après ce coup de force, franchement, je n’ai aucun regret. Tous les démocrates devraient se réjouir de la chute d’Alpha Condé, parce que l’appareil d’Etat était d’abord dans des mains douteuses. Tout était crispé dans le pays. Il y a sans doute des problèmes et ce n’est pas que la situation est meilleure maintenant, mais on peut mieux faire », déclare-t-il.
Sauf que la croissance économique du pays était du jamais vu, elle était à 7% avec l’équipe de Ibrahima Cas-Sorry Fofana ? Le Fadiga de répondre que « les chiffres peuvent être manipulés à souhait, quand on me dit qu’il y avait une croissance de 7% dans ce pays-là, je ne suis pas économiste pour remettre cela en cause, mais j’en doute fort, parce que les populations guinéennes n’ont jamais été dans un état de dénuement comme sous le règne de Monsieur Alpha Condé. Donc, je suis très loin de partager cet avis ».
Toutefois, le politicard admet qu’Alpha Grimpeur a réalisé des infrastructures, mais il nuance. «Ce qui m’importe, c’est qu’il ait à la fois croissance et développement. Sans cela, ne comptez pas sur moi, pour donner mon aval sur ce genre de situation».
Nos confrères de mosaiqueguinee.com ajoutent que le Schérif Fadiga a regretté le soutien apporté au CNRD le 5 septembre: «Le CNRD se montre décevant et même très décevant. Je ne vois pas de responsable politique dans ce pays, qui n’a pas applaudi l’arrivée du CNRD surtout nous militants de l’UFDG. Un coup de force, pour être légitimé, il faut absolument le soutien populaire. Imaginez que les militants de l’Axe n’étaient pas massivement sortis le 5 septembre pour ovationner Mamadi Doumbouya, vous croyez que son coup de force serait passé ? Je dis non. Parce que, pour qu’un coup de force puisse passer dans n’importe quel pays au monde, il faut l’adhésion populaire. (…). Parmi les choses qui m’ont déçu, il y a la gouvernance. Vous savez, lorsque ces gens sont arrivés, les éléments de langage qu’ils ont avancés étaient de dire que la justice sera la boussole, ça veut dire que ça en était fini avec l’arbitraire. Pourtant, personne ne peut contester que l’arbitraire existe encore dans notre pays aujourd’hui ; la délinquance financière, on ne peut pas dire que ce qu’on a reproché à Alpha et les dirigeants de l’époque n’existe pas aujourd’hui, il y a même pire. (…). Pour qu’une transition réussisse, il faut absolument qu’elle se limite dans le temps. Quand j’entends aujourd’hui la refondation de l’Etat, je me demande qu’est-ce qu’ils veulent exactement dire. Pour moi, cette expression-là ne convient pas. Tout le monde a apprécié ce discours quand il a été tenu au début, mais tenir un propos et le respecté sont deux choses.»
Kadiatou Diallo