Les autorités de la transition tentent de relancer un dialogue en panne depuis le début de la transition. Elles tendent, une nouvelle fois, la main aux acteurs politiques encore réticents. L’ANAD, la CORED et Cie ont planché, ce 3 octobre, sur cette main tendue, mais aussi la nomination des facilitateurs, censés conduire les discussions.

Les choses commencent à s’accélérer. Après le décret du Président de la transition instituant un «cadre de dialogue inclusif, franc et sincère », c’est le Premier ministre, Bernard Goumou qui vient de passer à la vitesse supérieure. Il a nommé trois « facilitateurs » pour diriger les discussions. Makalé Traoré, Aïcha Bah et Guilao Joséphine Léno, toutes anciennes ministres, auront la lourde tâche de rapprocher les positions CNRD et contestataires de sa façon de gérer la Transition. Mais la mission est mal embraquée. Le 3 octobre, au QG de l’UFDG, l’ANAD, la CORED, le FDNC-politique et le RPG arc-en-ciel ont tout gentiment rejeté l’arrêté du Premier ministre, estimant que le médiateur désigné par la CEDEAO ferait mieux les affaires : « Les facilitateurs qui devaient être choisis par les parties au dialogue sont plutôt nommés de façon discrétionnaire. Le médiateur de la CEDEAO est plus figuratif qu’architecte capable de lever tous les obstacles, notamment les atteintes inadmissibles des droits et libertés fondamentaux pour rendre possible et fécond le dialogue à une sortie réussie de la transition ».

Pour ces coalitions, il est incompréhensible que les autorités de la transition continuent à dérouler, la tête baissée, son ‘’calendrier unilatéral’’ : « Seuls les acteurs politiques les plus représentatifs peuvent, au nom de la classe politique, discuter avec la junte de la tenue d’élections crédibles et transparents pour renouer avec l’ordre républicain ». Elles dénoncent également les ennuis judicaires de certains leaders politiques ou de la société civile : « Force est de constater que des leaders politiques et d’opinion font l’objet de détention arbitraire, de harcèlement judiciaire ou sont en exil. »

N’empêche, les quatre coalitions tendent encore la main au CNRD pour un dialogue franc et sincère « dans l’esprit de l’article 77 de la Charte de la transition. » D’ajouter : « Nos coalitions qui représentent 95% des suffrages exprimés ces dix dernières années et la junte ont en partage la responsabilité de l’équilibre de la nation. C’est pourquoi, en conscience de leur obligation vis-à-vis du peuple de Guinée, il leur incombe de définir, de concert, un cadre de dialogue consensuel capable de sortir notre pays paisiblement de la transition pour renouer avec la démocratie et le développement durable ».

Le FDNC abonde dans le même sens

Dissous sur le papier, le Front national pour la défense de la Constitution n’abdique pas. Lui aussi rejette l’arrêté du Premier ministre nommant Makalé, Traoré, Aïcha Bah et Guilao Joséphine Léno comme facilitateurs. Le FNDC demande plutôt à la junte la libération «sans condition, du coordinateur national du FNDC, ainsi que tous les leaders d’opinions et militants pro démocratie injustement arrêtés et incarcérés à la maison centrale de Conakry et à l’intérieur du pays ; l’arrêt des harcèlements et poursuites judiciaires fantaisistes contre les acteurs sociaux et politiques opposés à la conduite de la transition en cours; la mise en place d’un cadre de dialogue permanent sous la présidence de la CEDEAO regroupant le CNRD, le Gouvernement, le CNT, les partis politiques et les représentants de la société civile en présence des Ambassadeurs du G5».

Le FDNC souhaite aussi que les questions liées notamment à la « durée de la transition, à la nouvelle constitution, au code électoral, à l’organe de gestion des élections et au fichier électoral ainsi que le droit à la justice pour les victimes de la lutte contre le 3ème mandat et des manifestations pour le retour à l’ordre constitutionnel soient principalement les thématiques à discuter lors du dialogue ». Le Front exige aussi « la publication de la liste nominative des membres du CNRD et la déclaration des biens des autorités de la transition, la levée immédiate de l’interdiction des manifestations dans les rues et sur les places publiques ».

Le FNDC veut surtout que compte tenu de la « profonde crise de confiance qui existe entre la classe politique, la société civile et les autorités de la transition, il nous apparaît fondamental que la CEDEAO intervienne pour présider le dialogue et favoriser ainsi le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée à travers l’organisation d’élections inclusives, libres et transparentes ».

Yacine Diallo