Entre le CNRD et une grande partie des acteurs de la classe politique guinéenne, c’est le grand désamour. Le premier a institué un cadre de dialogue « inclusif, franc et sincère », choisi « unilatéralement » les facilitateurs pour sortir de la transition, les seconds contestent la manière par laquelle les choses se passent. Ils dénoncent, notamment le fait que la junte n’ait pas accepté de les laisser choisir leurs propres facilitateurs.
L’ANAD, la CORED, le FNDC-politique et le RPG arc-en-ciel ne digèrent pas non plus l’incarcération sans procès des leurs. Sur FIM FM, ce 4 octobre, Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG, s’est interrogé sur le maintien en détention des anciens dignitaires du régime déchu : «Quand on dit que la justice doit être la boussole, il faut qu’elle soit la boussole. Kassory, quoi qu’on lui reproche, est un ancien Premier ministre, Amadou Damaro Camara était le président de l’Assemblée de nationale. Puisque la justice c’est la boussole, qu’ils soient jugés. Je connais bien Damaro, je l’ai pratiqué pendant 6 ans, je le connais professionnellement, on ne s’est jamais entendu avec lui sur le plan politique, il nous a créé beaucoup de problèmes sur le plan politique, c’était notre adversaire attitré…, mais je peux ne pas mettre en doute sa moralité sur le plan financier, je l’assume. J’étais président du groupe parlementaire les Libéraux démocrates, Damaro était président du groupe parlementaire RPG arc-en-ciel. Nous avons collaboré pendant 6 ans, je sais comment il fonctionne. Je n’étais pas membre de la 9e législature, je ne sais pas ce qui s’est passé, comment est-ce qu’il s’est comporté, je n’en sais rien, mais je considère que si vous prenez quelqu’un, vous le mettez en prison, jugez-le ! Donnez les preuves pour que chacun soit rassuré ».
Le fidèle lieutenant de Cellou Dalein Diallo s’attendait même à un geste fort du Chef de la junte, le 2 octobre, concernant ces prisonniers : « Fonikè Minguè est en prison, Saikou Yaya Barry aussi. Il y a d’autres qui sont en exil. Le 02 octobre, je m’attendais à un message fort. C’était une occasion à jamais, le 02 octobre, d’aller dans le sens de réconcilier les Guinéens. Je m’attendais à des actes en faveur des détenus politiques et tous ceux qui sont en exil. Ceux qui aiment la Guinée, ce sont ceux qui apaisent, qui disent au colonel Doumbouya qu’il sera responsable et comptable de tout ce qui va se passer dans le pays », sous son temps.
Yacine Diallo