L’atmosphère se tend un peu plus entre la junte et les principaux leaders du quatuor. La première demande aux seconds de rendre des comptes par rapport au soutien à la manifestation du FNDC, le 20 octobre.
Fodé Oussou Fofana, Cellou Baldé, Bano Sow, Étienne Soropogui, Francis Haba, Dembo et Mamadou Sylla et Bouya Konaté ont été convoqués ce 24 octobre, à la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale (Kaloum). Ils sont soupçonnés, entre autres, de «Provocation d’un attroupement illégal, coups et blessures volontaires…» Membres de l’ANAD et de la CORED, ils sont arrivés en deux temps deux mouvements à la DCIJ. D’abord Mamadou Sylla et son vice-président Dembo, ensuite Bano Sow de l’UFDG et Bouya Konaté de l’UDIR, puis les autres ont suivi peu après 10h, accompagnés de leurs amis des deux coalitions et des avocats.
Ils ont été accueillis par un groupe de gendarmes qui ont intimé à tous ceux qui ne sont pas concernés par les convocations de rebrousser chemin. La tension monte : « Nous sommes tous concernés par la déclaration, nous sommes donc concernés par les convocations aussi. Arrêtez vos manipulations», s’insurge Diabaty Doré, président du RPR. «Nous avons résisté face à Alpha Condé, ce n’est pas vous qui allez nous intimider», renchérit un autre leader. Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou de calmer le jeu : «Restons sereins, les choses vont se passer normalement».
Les concernés ont finalement été priés d’entrer avec leurs avocats. Ils y ont été auditionnés quatre heures durant. A la fin de l’interrogatoire, maître Salifou Béavogui, un de leurs avocats, a estimé que tout s’est passé dans les règles de l’art. « Les enquêteurs ont respecté les droits de nos clients. Les procès-verbaux ont été lus, tout est bien fait. Nous souhaitons que la procédure soit déférée d’un moment à l’autre parce que nos clients, qui bénéficient de la présomption d’innocence, ont déjà dit leur part de vérité. Si tout va bien, dans la soirée nous serons devant le procureur de la République». L’avocat dit ne pas redouter une incarcération de ses clients : « Nous pensons plutôt que sur la base des faits, ils ne se retrouveront pas en détention».
Fodé Oussou Fofana, Cellou Baldé, Étienne Soropogui et Cie ne reconnaissent pas les charges articulées contre eux. Ils assimilent ces convocations à des pressions politiques venant du CNRD, pour faire taire des voix discordantes. Ils soupçonnent surtout la junte de vouloir leur faire payer leur refus d’aller au dialogue dans la configuration actuelle. Ils pourraient bientôt être déférés devant le parquet du tribunal de première instance de Dixinn. Un juge d’instruction décidera de leur placement ou non sous mandat de dépôt.
Il faut rappeler qu’Étienne Soropogui et Cellou avait déjà la justice à leurs trousses pour des faits pratiquement similaires remontant aux 28 juillet et 17 août derniers.
Yacine Diallo