Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité est passé à la barre ce 19 octobre, dans le cadre du procès des massacres du 28 septembre 2009 commis au stade éponyme de Dixinn, sous la junte du Chaud-Ndd euh CNDD. Pour sa première fois devant Dame Thémis, Toumba Diakité a nié les faits qui lui sont reprochés, avant de formuler des prières à l’endroit des victimes des massacres du 28 septembre 2009, pour le pays et pour les nouvelles autorités qui ont permis l’ouverture du procès.
Aboubacar Sidiki Diakité dit qu’il avait promis de collaborer avec le tribunal pour que lumière jaillisse sur ce qui s’est passé le 28 septembre. Ensuite, il a évoqué son état de santé. « Je voudrais rassurer tout le monde que je suis malade. Les médecins n’ont pas menti. Tout ce que mes avocats disaient étaient vrais. Je suis aujourd’hui désolé de faire la synthèse générale, en un mot, le synopsis des événements du 28 septembre dans la sincérité. Nous sommes tous militaires ici. Mais j’ai observé que mes coaccusés sont en train de s’inscrire dans la négation totale. Et dans l’armée, la négation est enseignée dans un contexte particulier. Lorsque le militaire se retrouve dans les mains de l’ennemi, il ne doit pas dénoncer ses amis, les consignes sont claires. Cependant, quand le peuple qui t’a recruté, qui t’a habillé, qui te nourrit, qui te paye, ce qui est enseigné, c’est la loyauté envers ce peuple,» a expliqué Toumba Diakité.
Pour continuer sa narration, l’accusé a voulu structurer sa communication. Comment il a fait connaissance avec Moussa Dadis Camara, la structure de commandement de la Présidence du CNDD, les événements du 28 septembre 2009 et ceux du 3 décembre 2009 au camp Koundara, à Kaloum.
Parlant de sa rencontre avec Moussa Dadis Camara, Toumba Diakité explique que vers la fin du régime du général Lansana Conté, Dadis qui avait l’ambition de diriger le pays, l’a recherché pour lui expliquer le projet. C’est la première fois qu’il l’a rencontré. Après avoir adhéré au projet, ils ont signé un pacte par l’intermédiaire d’un féticheur que Dadis a fait venir de la forêt. Que celui qui trahirait, recevrait une balle. Après donc le décès du Président Conté, c’est lui Toumba qui a œuvré pour que Dadis arrive au pouvoir. Sinon, c’est le général Mamadouba Toto Camara qui avait pris le pouvoir. « Je suis venu au camp Alpha Yaya trouvé qu’il avait presque fini la réunion. J’ai cassé la porte je suis rentré. Le général Toto a dit que c’est de l’indiscipline. Je lui ai dit de ne plus répéter cela. C’est mon frère Tiegboro Camara qui assurait le secrétariat. Il restait la signature. J’ai pris le cahier, je l’ai déchiré. Nous sommes allés dans une autre salle du BATA (Bataillon autonome des troupes aéroportées, sis au camp Alpha Yaya Diallo Ndlr). Dadis, Général Konaté, Claude Pivi et moi, étions assis. On s’est demandé maintenant qui doit prendre le pouvoir. Dadis a dit Toumba, oui. J’ai dit : je crois que le général avait dit si le pouvoir était comme cela, il allait laisser à Dadis. Claude Pivi a répondu : oui, oui. C’est comme ça que Moussa Dadis est arrivé au pouvoir. »
Le lieutenant Toumba Diakité a indiqué que le pouvoir acquis, la sécurité de la Présidence a été structurée. Claude Pivi a bénéficié du premier décret : ministre de la Sécurité présidentielle. Et Toumba, aide de camp du Président de la Transition. Mais au fur et à mesure que les choses avançaient, il a été écarté, mais comme ce n’était pas officiel, il forçait à rester à sa place. D’ailleurs, c’est là découle son conflit avec Moussa Tiegboro Camara, qu’il accuse d’avoir manœuvré avec Joseph Makanbo, pour l’écarter du cercle de Moussa Dadis. Il explique que même si Marcel Guilavogui n’a pas été nommé officiellement, il était un homme fort, puisqu’ils étaient à la manœuvre pour l’arrivée de Dadis au pouvoir. Selon l’accusé, le recrutement des jeunes de Kaliya n’a pas obéit aux normes, parce qu’il aurait été fait sur la base communautaire. Mais en ce moment, Toumba Diakité affirme avoir été déjà écarté du cercle présidentiel.
Le procès a été renvoyé au lundi 24 octobre, pour la suite des débats. Avec certainement de nouvelles révélations puisque l’accusé entrera dans le vif du sujet. Notamment, sur ce qui s’est passé le 28 septembre 2009. Ce lundi noir qui a endeuillé des centaines de Guinéens, qui a fait plus d’une centaine de femmes violées, plusieurs blessés.
Ibn Adama