Le 13 octobre, le Prési de la Transition guinée-haine, Mamadi Doum-bouillant, a dirigé le Conseil des ministres au Palais Mohammed V, à Cona-cris. Au menu : refondation de l’Etat, dialogue inclusif, levée de l’interdiction de la coupe du bois.

La refondation de l’Etat que chante tant la junte fait-il jaser ? En tout cas, Mamadi Doum-bouillant, en Conseil des ministres, a réitéré son engagement à poursuivre les réformes structurelles dans «l’intérêt supérieur» du populo. Même si «cela dérange certains qui veulent à tout prix arrêter la dynamique du sursaut patriotique de la refondation en cours», déclare-il.  Il a aussi réaffirmé sa «ferme et ardente volonté» à respecter et à faire respecter «le sacro-saint principe de l’indépendance de la justice et sa farouche opposition à son instrumentalisation». Hop-là ! Or, le fonctionnement de la Crief (Cour de répression des infractions économiques et financières) soulève de nombreuses incertitudes de la part de la classe poétique quant à l’indépendance de Dame Thémis. Certains y voient un outil politico-judiciaire destiné à baliser le terrain pour la junte et ses proches.

Le Right de la Justice et des droits humains qui se targue aussi de «l’indépendance» de la justice guinée-haine, ne s’était point gêné, le 7 octobre à Dixinn, d’assister à l’inauguration de l’école Barry Diawadou, bâtie sur un domaine litigieux. Alors que le dossier est reste pendant devant la justice, apparemment sans aucun coup de pousse du Right. Pourtant, La Petite Cellule Dalein, la principale concernée, colle sa confiance à la justice guinée-haine. Quoi qu’il arrive ! En outre, c’est le même Right de la Justice et des droits humains que Mamadi Doum-bouillant invite à veiller «scrupuleusement au respect» au respect de l’indépendance de la justice. Aussi la prémunir de toute «instrumentalisation». L’instruction parrait plus ferme que jamais.

Vers un dialogue non inclusif ?

Une réunion sur la méthodologie de travail entre le Premier ministre Bernard Goumou et les facilitatrices nationales du cadre de dialogue inclusif s’est déjà tenue le 5 octobre, en présence du ministre de l’Administration du trottoir et de son collègue des Affaires étranges. «Le Premier ministre a rassuré les facilitatrices de leur indépendance dans la conduite de cette mission d’intérêt général. Dans la logique des prises de contacts, Bernard G.O.Dur a émis le souhait de faire une tournée avec les facilitatrices pour rassurer toutes les parties prenantes de la ferme volonté du chef de l’État à mettre ensemble les Guinéens pour le bon déroulement de cette transition.

La suite de cette tournée sera marquée par le lancement officiel du dialogue inclusif inter-guinéen, le 20 octobre 2022», selon le Conseil des ministres. Même dans la soirée, les facilitatrices la Baicha, la Malcalée et Joséphine les-non, ont rendu compte au à Bernard Godur de leur tournée au QG de certaines coalitions politiques. Elles expliquent avoir rencontré dix-huit coalitions politiques sur vingt-trois, que les prochaines rencontres seront mises à profit pour finaliser les préparatifs avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux. Sauf que ‘’coalitions des médiocres reste toujours médiocre’’ : Anad, Rpg arc-en-ciel, Fndc-politique, Cored, ayant des criefs contre le cadre de dialogue dit inclusif, ne veut pas de la visite du Premier ministre dans leurs différents QG.

Ils récusent les facilitatrices, rejettent le contenu du cadre de dialogue, tel que structuré par la Primature. Selon laquelle, le dialogue réunira le CNRD et le Gouvernement, les coalitions de partis politiques; les sages et les chefs religieux, les associations de jeunes et les associations de femmes, ainsi que des faitières des organisations de la société civile. Et que le CNT, la Cédéao et le G5 suivront les débats en tant qu’observateur. Le quatuor n’en veut pas et propose de mettre d’un côté le CNRD et le gouvernement et de l’autre, les acteurs politiques et sociaux sous l’egard du médiateur de la Cédéao.

Louopou de la forêt

L’exploitation abusive du bois entraînant destruction des habitats fauniques, dégradation des têtes de sources, ensablement et assèchement des cours d’eau, hausse de température…entre autres, constituent de sérieuses inquiétudes pour la ministre l’Environnement, Louopou Lamah. En juin 2021, elle a interdit la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du bled. Désormais, l’interdiction levée, juste pour une année. Histoire de «satisfaire le besoin local», indique le Conseil des ministres.

Toutefois, l’exploitation devra être encadrée. Il s’agit de réduire le nombre de scies tronçonneuses agréé de 6 à 2, réduire des quotas mensuels de coupe au niveau national de 20 391m3 à 8 208 m3. «La réduction du nombre d’exploitants agréés de bois de 83 à 72, l’élaboration des cahiers de charges précisant les obligations contractuelles de l’exploitant agréé de bois, ainsi que la réduction du nombre de postes de contrôle de 63 à 23, promouvoir les charpentes métalliques dans la construction, mettre en œuvre une politique d’utilisation du gaz à la place du charbon et du bois de chauffe», ajoute le compte rendu du Conseil des ministres. Il reste formellement interdit l’exportation, quel que soit le type de bois et la forme. Pour la mise en œuvre effective de ces mesures, un communiqué est attendu le 31 février 2023.

Yaya Doumbouya