Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) croupissent toujours en prison. La justice traîne les pas pour les situer sur leur sort, alors que les deux premiers responsables du FNDC entameront bientôt leur septième mois de détention. Les avocats des activistes font des pieds et des mains pour obtenir l’ouverture d’un procès. Mais ce n’est pas chose aisée. Chaque fois qu’ils pensent toucher au but, un nouveau rebondissement vient obscurcir un peu plus le chemin de la liberté pour leurs clients.

Le collectif des avocats du FNDC, dans une déclaration publiée le 20 février, dénonce une « lenteur inexplicable » dans le dossier dont le seul but serait de maintenir les activistes « en détention aussi longtemps que possible, sans aucune forme de procès ». Les avocats en ont pour preuves le pourvoi en cassation du parquet de Dixinn, contre l’arrêt rendu depuis fin novembre 2022, par la deuxième chambre de contrôle de l’instruction, renvoyant l’affaire devant une juridiction de jugement.

Le collectif des avocats du Front dit avoir constaté avec regret que leurs clients « sont déjà en train de purger des peines d’emprisonnement, alors qu’une décision judiciaire de condamnation n’est pas encore légalement intervenue ». A défaut d’une liberté conditionnelle, les avocats réclament un procès juste et équitable, tenu dans un « délai raisonnable dans lequel le droit de la défense est garanti et protégé ».

Sékou Koundouno aussi dans le viseur

Alors que les avocats se battent pour sortir Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et les autres détenus politiques des griffes de la justice, les autorités de la transition tentent de mettre main sur les autres activistes encore en liberté. Après Mamadou Billo Bah, interpellé à Tombolia (Matoto), fin janvier dernier, après les menaces du ministre de l’Administration du territoire, le ministre de la Justice, Charles Wright veut poursuivre et mettre aux arrêts Sékou Koundouno, seul poids lourd du FDNC encore en liberté. Il a ordonné au Parquet général près la Cour d’appel de Conakry d’engager ou de faire engager des poursuites judiciaires contre Koundouno. Les autorités de la transition l’accusent, lui et les autres responsables politiques qui ont soutenu la manifestation du 16 février, d’être derrière les violences et les meurtres enregistrés.

Le Front et ces partis politiques ont été aussi menacées de suspension voire de dissolution par le ministre de l’Administration du territoire. La machine judiciaire est déjà déclenchée.

Yacine Diallo