Les travaux de la Commission technique mixte de matérialisation de la frontière guinéo-sénégalaise ont été bouclés, vendredi 18 août, à Conakry. Objectif : poser des bornes de démarcation à la frontière des deux voisins, afin de prévenir les conflits.

Experts et techniciens (guinéens et sénégalais) ont élaboré un traité de délimitation de la frontière commune, un accord-cadre de coopération transfrontalière, ainsi qu’un canevas de base et son budget. Le tout dans le cadre du Programme frontière de l’Union africaine, appuyé par l’Agence allemande pour la coopération internationale (GIZ).

La Commission se réunira en novembre prochain à Dakar (Sénégal), pour élaborer le budget de la délimitation. Le cadre juridique bouclé, restera à identifier les collectivités territoriales qui, de part et d’autre de la frontière, s’engageront dans la coopération transfrontalière. Suivront la signature et la ratification, avant la mise en œuvre.

« Des passerelles de développement »

Mory Condé, ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la décentralisation, annonce qu’une fois les documents adoptés, les deux gouvernements accompagneront budgétairement « la mise en œuvre intégrale » du traité de délimitation, ainsi que l’accord-cadre de coopération transfrontalière. « Au lieu que les frontières ne soient des barrières, elles deviennent des passerelles de développement économique et de promotion de la paix, de la citoyenneté et du bon voisinage », espère-t-il.

Le colonel Boubacar Touré, secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières du Sénégal précise : « Ce sont des documents bien élaborés, de grande valeur. Ils vont nous permettre d’entamer prochainement la démarcation de notre frontière commune, de renforcer les relations séculaires de paix et d’amitié liant nos deux peuples, de faire de nos espaces transfrontaliers des continuités territoriales.» Il s’agit d’identifier les limites territoriales, pour prévenir tout conflit, sans pour autant entraver l’intégration des peuples et le développement.

Un pas important

Selon Moriba Magassouba, directeur national des libertés publiques et des frontières (Guinée), Guinéens et Sénégalais ont franchi un pas « très important » dans le cadre de la délimitation, de la démarcation de la frontière. Le processus implique acteurs nationaux et locaux (collectivités frontalières). « La Guinée est engagée dans le processus avec tous les pays limitrophes. Il y a eu des avancées avec le Mali, la Côte d’Ivoire et la Sierra-Léone. La Guinée-Bissau et le Liberia viennent d’intégrer le processus grâce à l’appui de la Guinée. Notre pays est comme le leader, dans la sous-région, dans la mise en œuvre du Programme de l’Union africaine qui vise à régler pacifiquement les problèmes frontaliers que nos peuples rencontrent sur le terrain.»

Pour le Dr Bakary Sanou, coordinateur régional du GIZ, appui au Programme frontalier de l’Union africaine, le traité de délimitation de la frontière guinéo-sénégalaise « est très original. Tous les experts ont convenu de ne pas recourir aux tribunaux, de régler les problèmes frontaliers de façon fraternelle, pacifique. L’accord-cadre de la coopération transfrontalière est un élément de l’opérationnalisation de la gouvernance des frontières.» Le canevas de base sera un instrument d’aménagement du territoire, car de « nombreuses infrastructures vont être réalisées » le long de la frontière guinéo-sénégalaise, a-t-il conclu.

Yaya Doumbouya