Le 21 novembre, des détenus de la Maison centrale de Coronthie étaient en colère contre la « fermeture de nombre de leurs cellules depuis la veille et le blocage de tout déplacement à l’intérieur de la prison. » En cellule, ils crient et tapent les portes, en signe de protestation.

L’attaque de la Maison centrale de Coronthie par un commando le 4 novembre pour extraire les détenus Moussa Dadis Camara, Claude Pivi (en cavale), entre autres, a entraîné des mesures de sécurité draconiennes dans la prison et ses environs. Au nombre desquelles, apprend-on, la fermeture de toutes les cellules « jusqu’à nouvel ordre ». Celle-ci a été prise le 20 novembre, à la suite d’une tentative d’introduction d’un téléphone portable par Boubou Tawel Camara, gendarme affecté à la sécurisation de la Maison centrale de Coronthie.

« Les gardes pénitentiaires ont mis main sur un gendarme qui a mis un téléphone dans le pain, à l’effet de le remettre à un détenu dans sa cellule. Il a été intercepté à la porte et a été mis à la disposition du Directeur national de l’Administration pénitentiaire. Le régisseur n’avait pas informé le ministre de la Justice. Mais, plus tard, il lui a envoyé l’image du gendarme », explique une source à Mediaguinee.com. Dans la matinée du 21 novembre, poursuit la source, le directeur national de l’Administration pénitentiaire aurait fait remplacer les gardes pénitentiaires par des gendarmes. « Donc, jusqu’au moment où je vous parle (12 heures), les cellules sont fermées, les détenus révoltés. Ils n’ont pas pris le petit-déjeuner, pourtant il y a des malades parmi eux, d’autres voudraient se mettre à l’aise. Impossible. Il n’y a ni entrée ni sortie », confie notre source qui a requis l’anonymat.

Alphonse Charles Wright, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, s’est rendu à la Maison centrale de Coronthie le 20 novembre. Pris de court par cette énième déconvenue en moins de vingt jours après la fameuse évasion à la Maison centrale, il a ordonné le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry d’engager des poursuites judiciaires contre le gendarme Boubou Tawel Camara. Qui va être poursuivi pour des faits présumés de ‘’tentative de violation de secret de l’instruction, abandon de poste et violation des consignes’’.

« Infractions constituées »

« En effet, dans la procédure d’évasion à la Maison centrale ouverte par le Parquet militaire, le lieutenant-colonel Ahmed Tidjane Diallo, gendarme, a été placé par le pool de juges d’instruction du Tribunal militaire permanent de Conakry conformément à l’article 235 du Code de procédure pénale, pour empêcher toute concertation frauduleuse avec les présumés auteurs et coauteurs.  Pour faciliter cette concertation, Boubou Tawel Camara, affecté pour la sécurisation du périmètre de la Maison centrale, a abandonné son poste pour s’introduire à la Maison centrale, pour tenter de remettre un téléphone portable dans la cellule du lieutenant-colonel Ahmed Tidjane Diallo », précise le courrier.

Le ministre estime que les faits décrits « sont constitutifs des infractions précitées nécessitant une application rigoureuse » de la politique pénale du gouvernement par des poursuites judiciaires.

Charles Wright peine à débarrasser la Maison centrale de ses habitudes illégales (introduction de drogue, téléphones…), malgré ses caméras de surveillance, ses injonctions à des poursuites judiciaires. Refondation, où es-tu ?

Yaya Doumbouya