Dans sa politique de rebellion contre le leadership de la Petite Cellule Dalein Diallo à la tête de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Ousmane Gawa Diallo déploie son CERAG (Cercle des amis de Gaoual) à travers le bled. Un vieux conflit à l’issue incertaine.  

« Il n’y aura pas de congrès sans nous. S’ils (Cellou Dalein Diallo et ses partisans, ndlr) organisent un congrès, on le fera aussi. Le CERAG travaille sereinement. Ils ont leur club de campagne, nous avons le nôtre », martelait début juillet, en conférence de braise, le porte-voix du gou-bernement qui conteste son exclusion de l’UFDG et le leadership du prési du parti. « Le CERAG a des objectifs parmi lesquels la réintégration de Ousmane Gaoual Diallo dont la justice a tranché en sa faveur. Il faut oser le dire qu’il est de l’UFDG et qu’on va travailler pour qu’il reprenne le leadership du parti. Il est capable d’envoyer loin le parti. C’est un homme qui a des convictions et non des moindres en politique », a clamé de son côté, le 14 août, Lamarana Pety Diallo, prési du Cercle des amis de Gaoual. Cet autre exclu de l’UFDG, pour son allégeance à Ousmane Gawa, s’est exprimé en ces maux, en marge de la validation de la Fédération du CERAG-UFDG de Dinguiraye.  

Quatre jours avant, même exercice à Gaoual, ville d’origine du prétendant à la présidence de l’Union des forces démocratiques de Guinée dont le congrès est donné pour imminent. Sauf que l’autre candidat à sa propre succession, la Petite Cellule Dalein Diallo, est hors du pays depuis bientôt trois longues années. Au début, il se disait en mission du parti. Désormais, il admet être un exilé qui annonce sans cesse son retour. Le chat absent, les souris dansent dans la maison UFDG.

Une épine dans le pied de Dalein

Le CERAG, qu’on ambitionne d’installer dans tout le pays, est officiellement un mouvement de soutien comme tout autre, qui appuie la candidature du ministre des Transports à la présidence du principal parti d’opposition guinéenne. Mais certains perçoivent ses démembrements à l’intérieur du pays comme des structures parallèles en gestation. Une sorte d’UFDG bis. Reste à savoir si le mouvement réussira là où avait échoué UFDG-Renouveau créé par Amadéus Oury Bah, l’actuel PM, après son exclusion en 2016. Tout comme son ministre Ousmane Gawa Diallo, la justice avait ordonné sa réintégration. En vain.  

« Dans la configuration actuelle du parti, aucune force ne peut battre Cellou Dalein Diallo. Tout le monde en est conscient, y compris Ousmane Gaoual Diallo », décrypte un proche des deux adversaires. « Cela ne veut pas dire qu’on ne va pas embêter Cellou Dalein. Justement, l’objectif d’Ousmane Gaoual, c’est de secouer le cocotier. Le CERAG, c’est une stratégie pour lui d’exister politiquement. Et ça fonctionne: toutes les réunions à l’UFDG actuellement sont focalisées sur lui », renchérit notre source qui a requis l’anonymat.

Poil à grater ou épine dans le pied de la Petite Cellule Dalein Diallo, le porte-voix du gou-bernement use donc à fond de sa stratégie qui le maintient en vie. Il est vrai qu’il ne saurait compter sur son bilan de ministre de l’Usur-banisme, des Télé-complications, hier et aujourd’hui, des Transports. Selon des langues fourchues, Ousmane Gawa voulait reprendre les rênes Parti guinéen du peuple (PGP) d’Alpha Abdoulaye Diallo – dit « Portos ». Ce dernier, c’est « son grand, celui qui l’a fait voyager » en France en 1992. À l’époque jeune étudiant, exclu de l’université guinéenne pour son opposition au régime de Fory Coco, c’est au PGP qu’il avait commencé son militentisme politique.

Soutenu par le pouvoir ?

S’est-il ravisé, se rendant compte qu’il est plus aisé de troubler le sommeil de la Petite Cellule Dalein que de réveiller le PGP ? « Entre Cellou et lui, ça n’a jamais été le grand amour. Avant, le parti mentenait en vie Ousmane Gaoual. Maintenant, il a trouvé les moyens. Si Cellou avait eu l’occasion, il l’aurait détruit le premier », souffle un cadre (en bois) de l’UFDG. « Les deux n’ont jamais été d’accord. Ousmane était opposé à l’intégration en 2007 de Cellou Dalein au sein de l’UFDG. Depuis, ce dernier l’a toujours perçu comme une menace permanente », abonde dans le même sens le proche des deux hommes cité plus haut. La même source juge inefficace l’exclusion d’Ousmane Gawa de l’UFDG, convaincue que le ministre des Transports se serait gardé de s’attaquer à son propre parti, s’il n’en avait pas été éjecté.

Des suspicieux jurent, la main sur le palpitant, que le porte-voix du gou-bernement est en mission commandée des autorités de transition pour déstabiliser l’opposant gênant, la Petite Cellule Dalein Diallo. Ousmane Gawa Diallo caresserait même le vœu secret de voir Mamadi Doum-bouillant candidat aux prochaines échéances électorales sous la bannière de l’UFDG ! « Je n’y crois pas, balaie une ponte du régime. Les guéguerres politiques, ce n’est pas l’affaire du président. Des gens de son entourage alimenteraient-ils le conflit ? Je n’en ai aucune idée. Ce que je sais, Djiba Diakité et Amara Camara ne s’intéressent pas à la politique politicienne. Nul ne peut prouver que le président a l’ambition de prendre la tête d’un parti. »

Gaoual contre Gaoual

Alors que la bataille pour la présidence de l’Union des forces démocratiques de Guinée fait rage, voilà qu’une autre militante du parti, fille de Gaoual, allume un contre-feu. Maïmouna Bah alias Maii Kadidia Bah a pris ses distances avec son parent Ousmane Gawa Diallo. Les deux étaient pourtant réputés très, voire trop proches. Entre « la protégée » ou « l’assistante » et le « protecteur », ce n’est plus le parfait amour d’antan filé entre le pays de l’Oncle Sam, la Guinée et l’Héxagone.

Maii ne semble plus vouloir rester éternellement protégée, sous tutelle. Elle voudrait s’émanciper et ambitionnerait d’être la prochaine dépitée uninominale de sa préfecture, Gaoual. Comme autrefois son mentor. Sauf qu’elle a aussitôt été trimballée en justice pour « diffamation, menace de mort et destruction d’édifice » par des membres du CERAG. Le 15 août, cette membre du bureau national des jeunes de l’UFDG a été auditionnée à la gendarmerie de sa ville. Le 20 août, Maii Kadidia Bah sera finalement condamnée par le tribunal de première instance de Gaoual à six mois d’emprisonnement avec sursis..    

Malgré tout, nous osons croire qu’Ousmane Gawa Diallo ne veut pas refuser à Maii Kadidia Bah ce que la Petite Cellule Dalein Diallo lui refuse: avoir des ambitions politiques.

Diawo Labboyah