Le coup d’envoi des Jeux paralympiques de Paris 2024 a été donné le 28 août, sur les Champs-Élysées et la place de la Concorde, devant des milliers de spectateurs. Dans la catégorie athlétisme sur 200 et 400 mètres, notre compatriote Kadiatou Bangoura, 25 ans, défendra les couleurs de la Guinée. Portrait.

Pour sa deuxième participation aux Jeux paralympiques, Kadiatou Bangoura ambitionne de remporter la toute première médaille olympique pour la Guinée. À Paris, tout comme au Japon en 2021, elle concourt dans les épreuves du 200m et du 400m de l’athlétisme.

Une guerrière

L’aventure de Kadiatou Bangoura a commencé en 2017 dans sa ville natale de Fria. Jadis dotée d’infrastructures sportives de qualité, la ville a sombré dans l’oubli après la fermeture de la première usine d’alumine du continent africain. Adolescente, elle tombe amoureuse de l’athlétisme et nourrit le rêve de devenir footballeuse. Son rêve est brutalement interrompu par une fracture du bras gauche lors d’un match. Faute de soins appropriés, elle perd l’usage de ce membre. Cet incident marque la fin de sa carrière en football, mais aussi le début de sa passion pour l’athlétisme.

Très douée et déterminée, Kadiatou Bangoura se lance corps et âme dans l’athlétisme. En 2020, elle remporte la médaille d’or au 400 mètres dames au meeting international paralympique de Dubaï. En janvier 2023, elle remporte trois médailles d’argent lors de l’Open para sport de Tunis et se classe deuxième au niveau africain sur 200 et 400 mètres, et seizième mondiale sur 400 mètres. En 2021, elle participe aux Jeux Paralympique de Tokyo au Japon sans remporter aucune médailles, mais cela n’a fait que raviver sa flamme pour l’athlétisme. Depuis quelques années, elle incarne le renouveau du para sport guinéen. Depuis, son quotidien est rythmé entre son lycée Amical Cabral de Fria et les séances d’entraînement.

« Depuis ses débuts dans le para-sport, ce n’est qu’en 2021 aux Jeux de Tokyo qu’elle a reçu des primes de la part de l’État guinéen. Malgré cela, elle a continué à concourir et à ramener des médailles pour la Guinée. Son courage et sa détermination sont hors catégories » a souligné Saa François Hamza Komano, chargé de développement au Comité national paralympique.

«Symbole du courage...»

Kadiatou rêve grand malgré les conditions difficiles de préparation. « J’ai pris part au Championnat du monde et aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021. S’entraîner en Guinée est extrêmement compliqué, mais avec foi et volonté, tout est possible », confie-t-elle avec philosophie, au terme de l’Open para sport de Tunis en 2023, avant d’ajouter : « Je me prépare pour décrocher une médaille olympique pour la Guinée, ce qui serait historique. J’ai bon espoir d’atteindre mes objectifs et tutoyer les sommets.»

Avant Paris, ses dernières compétitions internationales remontent aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021 et à l’Open para sport de Tunis en 2023, où elle décroche trois médailles d’argent. Un exploit salué par  Hamza Komano : « Après une année sans compétition, obtenir trois médailles d’argent dans des conditions climatiques difficiles est une énorme performance. Elle a prouvé qu’elle a le potentiel pour atteindre les sommets du para-sport. » Pour atteindre ces sommets, il faut des qualités exceptionnelles. Selon Hamza Komano, Kadiatou puise ses forces dans un courage et une détermination hors du commun. « Elle est le symbole du courage et de la résilience. S’entraîner à des températures de plus de 30° et atteindre la perfection est incroyable. »

Aux Jeux paralympiques de Paris, Kadiatou Bangoura aspire à offrir à la Guinée sa première médaille paralympique. Un rêve ambitieux, mais tout à fait à la portée de cette athlète qui ne cesse de repousser ses limites.

Abdoulaye Pellel Bah