El Hadj Boubakar Lombonna Diallo, expert-comptable et ancien ministre, présente son livre « Destin du fils d’un paysan guinéen ». L’autobiographie de 136 pages évoque les premiers pas de l’auteur dans le Fouta-Djalon, ses études (de la Guinée en Tchécoslovaquie), ainsi que ses fonctions dans l’Administration publique guinéenne.
Destin du fils d’un paysan guinéen est composé de deux grandes parties qui mettent l’accent sur trois décennies de service au sein de l’Administration publique guinéenne. El Hadj Boubakar Lombonna Diallo nait le 18 octobre 1942, dans le village de Horéfello-Lombonna, près de la ville de Labé. Il est initié à l’agriculture et à l’élevage. Sa scolarisation est difficilement acceptée par le commandant du Cercle de Labé d’alors, à l’année scolaire 1949-1950. Et pour cause, n’avait que 6 ans, contre 7 ans requis. Avant l’école du colon, Lombonna Diallo fait un parcours remarquable à l’école coranique et à la maîtrise des préceptes de l’islam, sous la coupole de son père, Thierno Yaya Diallo.
Avant l’indépendance de la Guinée, il est admis au cours préparatoire à l’école primaire de Kouroula, dans la commune urbaine de Labé. Six ans après, il entre au Collège d’orientation de Donka (Conakry), puis au Lycée technique de Donka, quatre ans plus tard. « C’est au collège d’orientation de Donka que l’indépendance de la Guinée, en octobre 1958, m’a trouvé. Je pris part, en 1960, à la première grève des élèves du lycée technique alors que le ministre de l’Éducation nationale était à l’époque Jean Faragué Tounkara. »
Boubakar Lombonna Diallo est titulaire d’un DES (Diplôme d’études supérieures en gestion et comptabilité), de la Haute école économique de Prague, alors République Tchécoslovaquie. Rentré en Guinée en mars 1967, il est recruté à la Fonction publique comme Inspecteur des Services financiers et comptables. Dans le domaine de la gestion de l’Economie, il précise que le gouvernement guinéen a mis en place une structure étatique socialisante qui consacre la propriété sociale et la nationalisation de tous les moyens de production. Compétent, rigoureux il gravit tous les échelons. En 1975, le président Ahmed Sékou Touré le nomme ministre du Contrôle d’État. En clair, il est chargé du contrôle des activités économiques et financières de tous les rouages de l’État.
En outre, l’auteur rapporte que maints cadres guinéens ont été tués à la suite de l’agression portugaise de novembre 1970. Même qu’en 1972, le pays enregistre, de graves évènements politiques, économiques et sociaux. « J’ai failli moi-même être emporté par les péripéties de ces événements. »
Mutations économiques
En 1983, alors ministre des Affaires économiques et financières, Boubakar Lombonna Diallo, supervise en Guinée une mission mixte du Fonds monétaire et de la Banque mondiale, dans le cadre des revues à mi-parcours de la gestion économique du pays. Après des propositions économiques « contraignantes » des institutions du Bretton Woods, la Guinée allait « instaurer de facto le libéralisme économique qui frappait à sa porte. Mais, cette vision du président Ahmed Sékou Touré n’a pas vu le jour, il décède quelques mois après. » L’auteur estime que le gouvernement guinéen était, début 1984, sur le point de tenir compte de la nécessité de mettre fin au système économique socialiste. Même que la Guinée a amorcé la politique du libéralisme économique, comme l’indiquent certaines mesures des institutions du Fonds monétaire et de la Banque mondiale. « Il était temps en effet de procéder à cette révision du fait que la Guinée ne pouvait pas continuer à s’isoler des pays voisins. D’une manière générale, le système de l’économie libérale avait envahi le monde ».
Séjour carcéral
A la prise du pouvoir par le Comité militaire de redressement national (CMRN), à la mort du de Sékou Touré en mars 1984, Boubakar Lombonna Diallo s’est retrouvé en prison. Il y séjourne 13 mois, avant d’être disculpé par la commission d’enquête du CMRN. En 1989, El Hadj Lombonna intègre le nouveau système, en tant que Directeur national des Douanes. Là, il révise le Code des Douanes, réorganise le fonctionnement du service des recettes, entre autres. En 1993, il est nommé Conseiller du ministre de l’Économie et des finances d’alors, Ibrahima Kassory Fofana. Poste que Lombonna Diallo occupe jusqu’en 2003, alors que sa retraite intervient en 2002.
Loin des services administratifs publics, Boubakar Lombonna Diallo est coopté en 2003 par la République de Slovaquie, comme Consul honoraire auprès du gouvernement guinéen. C’est en 2008 qu’il quitte définitivement l’Administration guinéenne, pour travailler dans son cabinet Lombonna, créé en 1986, pour établir des états financiers ponctuels ou annuels ou à procéder à la réorganisation des sociétés privées. Son cabinet est le représentant du Réseau d’audit et d’expertise mondial (RSM international) en Afrique de l’Ouest.
Destin du fils d’un paysan guinéen est édité par L’Harmattan-Guinée avec, en couverture, le portrait d’El Hadj Boubakar Lombonna Diallo, ancien de beaucoup de postes et de distinctions : pêle-mêle, ancien ministre, Officier de l’ordre national du mérite de la République, président honoraire de l’Ordre national des experts-comptables et comptables agréés de Guinée. Son parcours pourrait être une source d’inspiration pour biens de jeunes.
Yaya Doumbouya