Il y a un peu moins d’un an, Ousmane Gaoual Diallo effectuait une visite très mouvementée aux Etats-Unis.  Celle de son adversaire, Cellou Dalein Diallo, était donc très attendue. Mais selon les informations en provenance du pays de l’Oncle Sam, la salle qui a servi de cadre au meeting du président de l’UFDG aurait refoulé du monde.

Les partisans de Cellou Dalein mettent en parallèle l’exfiltration par la sécurité d’Ousmane Gaoual, au milieu d’une foule déchainée et un leader de l’UFDG, ovationné. Ainsi donc, assurent-ils, Cellou reste et demeure indéboulonnable. Pour sa part, le camp du ministre des Transports minimise. Estimant que le vrai combat se jouera en Guinée et non pas aux Etats-Unis. D’autres vont jusqu’à ironiser que Cellou passe pour un candidat à la présidentielle américaine.

Dans tous les cas, le ministre et porte-parole du gouvernement a encore du chemin à faire pour atteindre son objectif de récupérer la présidence de l’Union des forces démocratiques de Guinée. Dans un communiqué, le CERAG estimait que l’objectif n’est pas de déstabiliser le parti mais d’évincer Cellou Dalein au profit d’Ousmane Gaoual Diallo. Ce qui est loin d’être une promenade de santé.

Atouts et faiblesses

Chacun des deux protagonistes a des atouts et des faiblesses. Ousmane Gaoual Diallo est fort de son statut de ministre, avec les faveurs de l’administration, la sécurité, la justice… D’ailleurs, cette dernière a rendu récemment une décision en sa faveur, annulant son exclusion du parti. En tant que ministre, il est aussi censé avoir les moyens financiers lui permettant d’entretenir une équipe de communication qui le défend bec et ongle.

Le revers de la médaille, c’est l’usure du pouvoir et ses corolaires d’impopularité. En trois ans de règne, le CNRD est à l’épreuve. Comme l’attestent les manifestations de l’intérieur et de l’extérieur. De ce point de vue-là, il n’y a pas match. Un ministre du régime actuel, même parmi les plus modérés, pourrait difficilement se mesurer à celui qui est perçu comme étant le chef de file de l’opposition à la junte.

Quant à Cellou Dalein Diallo, ses différentes sorties laissent à penser qu’il a toujours les faveurs des militants du parti. Partout où il est passé, ils lui ont renouvelé leur confiance et leur soutien. Mais il est conscient que la vraie et déterminante bataille se jouera en Guinée. Or pour le moment, son hypothétique retour s’annonce risqué. Après la disparition de deux activistes, il devra réfléchir mille fois avant de « se jeter dans la gueule du loup », comme mettent en garde certains.

Au moment où le président du parti s’offre des bains de foule à l’extérieur, son adversaire s’organise à l’intérieur. Avec la bénédiction de ses patrons ? Les agissements d’Ousmane Gaoual Diallo violent la Charte de la transition qui astreint les ministres à la neutralité. Sauf que ni le Président, encore moins le Premier ministre ne le rappellent à l’ordre.

Ironie du sort, le ministre des Transports, qui conteste son exclusion de l’UFDG, fut le principal artisan de l’exclusion de l’actuel Premier ministre, Bah Oury, du même parti. Il claironnait à tout va qu’il n’y avait pas de mariage forcé.

Habib Yembering Diallo