A l’appel des Forces vives de Guinée, des citoyens du Grand-Conakry ont observé la journée ville-morte du lundi 12 août. Des heurts ont ponctué la nuit du 11 août dans plusieurs quartiers de la commune de Ratoma. Lundi 12 août, le commerce et la circulation ont, entre autres, été paralysés en banlieue de Conakry.

A travers la journée ville morte, les Forces vives de Guinée exigent la libération des activistes Oumar Sylla dit Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah (disparus depuis le 9 juillet dernier). Cette coalition d’acteurs politiques et de la société civile réclament aussi la réouverture des médias, le retour à l’ordre constitutionnel d’ici la fin de l’année, la baisse des prix des produits de première nécessité.

Au quartier Bantounka 1, les échauffourées entre jeunes et des agents des Forces de l’ordre ont commencé à minuit, veille de la ville-morte. Sur l’axe Cosa-Nongo, en passant par Mory-Kantéya, des jeunes en colère ont envahi la rue, brûlant nuitamment des pneus sur la chaussée, bloquant complètement la circulation. Des agents des forces de l’ordre ont fait une descente musclée sur les lieux et ont dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogènes. Mais, cela ne les a point découragés. Au contraire, aux environs de 1h du matin, ils sont revenus en force, réoccuper les lieux, lançant des cris et des injures hostiles aux agents de maintien d’ordre. Ceux-ci n’ont pas tardé à faire demi-tour, pour les déloger, une nouvelle fois. Des coups de feu, mêlés au détonement des bombes lacrymogènes, ont troublé le sommeil des riverains.

Ce matin, la circulation est restée morose dans la zone. Des débris de pneus brûlés jonchent la route, la cendre noircit davantage la chaussée. A Bantounka 1, plusieurs boutiques et magasins sont restés fermés dans la matinée. Tout comme des ateliers de couture et de soudure. « Les jeunes ne comptent pas abandonner. Tout est presque fermé ici, il n’est pas exclu qu’ils reviennent barrer la route. Actuellement, je pense qu’ils se reposent, ils ont passé toute la nuit à jouer au cache-cache avec les policiers et les gendarmes », raconte Diaka Souaré, boutiquer.  

« Ce qui s’est passé hier nuit est très dangereux. J’étais en compagnie de ma copine lorsque les jeunes ont commencé à brûler des pneus sur la route, vers minuit. On a eu tellement peur, heureusement ils ne s’en sont pas pris à nous ou à d’autres passants. Dès que je suis rentrée, j’ai interdit formellement à mes enfants de sortir de la maison pour toute la journée de ce lundi. Il y a beaucoup de risques à participer aux manifestations», raconte Hassatou Diallo, coutière au quartier Bantounka 1.

A Plaque-Cellcom (vers le rond-point Cosa) réputé chaud en période de manifestations sociopolitiques, les magasins sont portes closes. Mais le petit commerce (étalagistes, marchands ambulants et vendeuses de condiments) tourne au ralenti.  A côté, trois pick-up dont deux de gendarmes, étaient aux aguets.

Au rond-point Cosa, le dispositif sécuritaire est réduit : un camion de police, aux environs de midi. La circulation morose, le commerce paralysé. Les stations-services et les pharmacies alentour sont ouvertes, des citoyens vaquent à leurs occupations.

Yaya Doumbouya