Le courant électrique, on en parlera longtemps encore dans notre pays, au coin du feu, du châtelain et du populo. Depuis le départ du méchant colon il y a plus de soixante ans, il ressemble à un casse-tête chinois pour ceux qui nous ont successivement gouvernés. Clarté et ténèbres alternent et affectent la qualité de vie des citoyens. On ne sait plus avec quel Guinnârou pactiser. Si l’électricité est dans la nature depuis la nuit des temps, c’est pendant la révolution industrielle que l’homme a commencé à la maîtriser avant qu’elle ne l’apprivoise, à son tour. De nos jours, le courant électrique a totalement investi notre existence individuelle et collective. Il a envahi notre gîte, nos moyens de transport avion, voiture, train, bateau, nature villégiature, notre monde, notre mode vestimentaire et commodités culinaires, le courant vient toujours dissiper autour de nous les ténèbres funestes. Pour nous tenir, il nous tient ! Impossible de nous en libérer. Pendant longtemps, elle a été produite par des centrales thermiques et des barrages hydroélectriques auxquels on a associé les centrales nucléaires, un peu plus tard.

Deux siècles durant, ces sources d’énergie connaissent leur âge d’or. L’électricité qu’elles produisent, associée au rail, constitue l’épine dorsale des prodigieux progrès techniques et technologiques des 19è et 20è siècles, et par conséquent du bien-être de l’humanité. Même si par ailleurs, ils ont aiguisé l’appétit d’une partie de cette humanité. Les Nègres refusent de passer pour perte et profit de l’esclavage et de la colonisation qui sont explicatifs à leur endettement, de tous les retards : technique, technologique, économique, politique et j’en passe.

Ouf, qu’ils sont nombreux, ces retards ! Mais nul n’ignore que les bonds en avant des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union Soviétique, de la République populaire de Chine, par exemple, sont dus au rail et à l’électricité produite par des centrales thermiques, des barrages hydroélectriques et des centrales nucléaires. Les jeunes Etats qui naissent en Afrique, dans la seconde moitié du 20è siècle, copient les puissances coloniales. Akossombo (Ghana) et Assouan (Egypte) sortent de terre !

En Guinée, le colon français avait laissé les études de faisabilité du barrage de Konkouré. On en a rien fait bien que tout un Ministère ait été mis en place à cet effet. Il a fallu le milieu des années 90 pour construire Garafiri dont on n’a pas beaucoup senti l’impact. Kaléta et Souapiti ont été bâtis bien plus tard. Ces efforts ne nous ont pas épargné les lourds frais de location de la plateforme électrique flottante, propriété de notre partenaire et ami turc.

Face à la menace du dérèglement climatique, tout le monde envisage de revoir sa politique énergétique pour éviter des surprises désagréables. De beaux jours s’annoncent pour les énergies renouvelables. Ce sont les meilleures solutions alternatives. Les Etats-Unis, l’Europe, la Chine, le Japon ont déjà installés de vastes pares éoliens dont certains sont Off-shore. L’exploitation de l’énergie solaire est également en vogue dans ces mêmes pays.

L’engouement pour l’hydroélectricité s’essouffle, s’étiole. Ne nous y attendons plus. Partons en même temps que les autres. Les mêmes ne doivent toujours pas être les premiers. Consacrons un peu de sous générés par nos mines à la recherche fondamentale pour sortir de l’ornière, de la médiocrité. L’électricité est un droit. Même si cela n’est écrit nulle part. D’ailleurs, les Cntêtards devraient le savoir et le graver dans la Constitution comme dans du marbre.

Abraham Kayoko Doré