Dès élu, le prési-Grimpeur brandit la signature du programme PPTE comme un trophée de guerre en 2012. Il cria sur tous les toits avoir réussi là où ses prédécesseurs ont échoué. Comme si cet accord devait bouter la pauvreté hors du pays. Devant le retard des retombées de cet accord, et pour s’octroyer un deuxième mandat, il change de discours et parle d’un accord-cadre de 20 milliards de dollars avec la Chine. Le chiffre fera rêver plus d’un Guinéen. Le décollage économique tant attendu est à portée de mains, avec, à la clé, des infrastructures routières, des hôpitaux, des écoles et des universités sans compter l’eau et l’électricité.
Jusqu’à la fin de son deuxième mandat, il n’en a rien été. Mais il entretient l’espoir avec le barrage hydroélectrique de Kaléta. Souapiti servira de monnaie de singe pour le troisième mandat. Les thuriféraires disent « laissez-le finir ses travaux ». Mais le canular est si grotesque qu’il est désormais difficile de faire de nouvelles promesses. Le Premier ministre, Ibrahima le Cas-Sorry promet cette fois l’enfer aux Guinéens en leur disant de se prépare à une année 2022 plutôt difficile. On ne lui fait pas durer, cette année-là le sera pour tous les Guinéens mais aussi et surtout pour le trio qui gérait le pays d’une main de fer. Alpha Grimpeur expédié à Ankara, son Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale méditent à Coronthie. Mais cela est une autre histoire.
Pour revenir aux difficultés qui assaillent les Guinéens, le tombeur du Grimpeur sait que plus les années passent plus il reprend le flambeau du bilan de son ancien mentor. Si aujourd’hui la Guinée manque de routes, de l’eau, de l’électricité entre autres, l’ancien président est certes responsable. Mais le nouveau ne l’est pas moins après 3 ans de gestion.
Au palais, c’est la tête qui a changé. Et le mode vestimentaire du chef. Pour le reste, les conseilleurs, surtout occultes, sont les mêmes. Ces derniers disent à Doum bouillant ce qu’ils disaient à son prédécesseur : Il faut fait miroiter aux Guinéens un autre projet qui, cette fois, fera le miracle : c’est le Simfer. Une vidéo est en train de tourner sur les réseaux sociaux pour montrer les travaux d’excavation du tunnel de 926 mètres qui doit relier la mine de simfer à Beyla à la ligne principale du Transguinéen de à Kérouane. Comme Alpha Grimpeur, qui tenait à son projet de barrages hydroélectriques, son successeur tient à son projet de Simfer comme la prunelle de ses yeux. C’est une fin en soi.
Mais les habitants de la préfecture qui abrite ou celles qui sont traversées par ce projet devraient voir le cas de Boké avant de se réjouir. Comme que la CBG fut pour Sékou Tyran, Garafini pour Lansana Conté et SMB pour Alpha Grimpeur, le Simfer est à Dom bouillant un projet phare. Mais le Guinéen averti a suffisamment du recul pour comprendre que le démarrage d’une société est une chose, son impact économique pour le pays en est une autre. Depuis les années 70, les habitants de Boké voient les allées et venues des trains qui drainent la bauxite de Sangarédi vers le port de Kamar :12 voyages par 24h et par train.
Mais allez savoir ce que cela a changé dans le quotidien du citoyen de Boké à plus forte raison de celui Boffa. Il a fallu ces dernières années une situation insurrectionnelle pour que les habitants de la ville qui abrite le port et la cité des travailleurs obtienne le courant électrique. Avant cette révolte il y avait un véritable apartheid entre ce qu’on appelle la cité, qui ne manque de rien et le village dépourvu de tout. D’ailleurs, l’appellation « village » n’était pas fortuit. Les habitants doivent savoir qu’ils sont des villageois et comme tels, ils n’ont pas à revendiquer les avantages et privilèges de la ville.
Les partenaires dits de développement observent le paradoxe de ce pays : d’un côté des ressources naturelles inépuisables et de l’autre, une misère qui n’est comparable qu’avec celle de pays dépourvu de tout. Ils ironisent que les ressources naturelles sans les ressources humaines ou le patriotisme aboutit à ce qu’on appelle la malédiction naturelle.
Lorsque les étrangers observent que la Guinée manque d’eau pendant que les Guinéens ont les pieds dans l’eau, ils tombent des nues. Il en est de même pour l’électricité qui, malgré les moyens mis en œuvre, demeure un luxe même pour la capitale.
Et que dire de l’épine dans le pied de tous les Guinéens ! Le véritable parent pauvre dans l’investissement dans ce pays : les infrastructures routières. Pour jauger l’ampleur de la situation, il faut voir la route qui mène à Boké, proclamée région comique du pays par le prési-Grimpeur. Aujourd’hui Kagbélen-Dubréka est chaotique, les usagers sont livrés à eux-mêmes. Les taxis autos ne s’y aventurent plus. Les taxis motos font la pluie et le beau temps. Entre Mamou et Faranah, la situation est tout aussi préoccupante. Le calvaire et la galère ont raison de l’espoir. Entre Mamou et Labé, itou !
Habib Yembering Diallo