Jeudi 5 septembre a démarré au Palais du peuple de Cona-cris une session de formation de trois jours pour renforcer les capacités des Cntêtards et des cadres (en bois) du Conseil national de la transition (CNT. Le thème principal porte sur l’évaluation des politiques publiques. L’atelier s’achèvera le 7 septembre.
Animé par des experts guinéens et ivoiriens, la formation est structurée en quatre modules : introduction à l’évaluation des politiques publiques, rôle des conseillers dans ce processus, étapes de l’évaluation et utilisation et communication des résultats obtenus. L’objectif est de fournir aux cadres et conseillers de l’administration parlementaire les outils et mécanismes nécessaires, pour évaluer efficacement et objectivement les politiques publiques. En renforçant les compétences des membres du CNT en matière d’évaluation des politiques publiques, cet atelier pourrait marquer une étape dans la vérification de l’action gouvernementale.
Organisé en partenariat avec le Projet d’appui au renforcement de la démocratie en Guinée (PARD), la formation s’appuie sur des pratiques développées par l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, tout en tenant compte des spécificités et des besoins adaptés aux réalités guinéennes. Tommaso Caprioglio, coordinateur du PARD, a rappelé que la Guinée est confrontée à des défis de développement complexes et à une exigence croissante de ses citoyens dans la gouvernance : « La formation que vous suivez vous sensibilisera et vous donnera les outils et mécanismes nécessaires pour évaluer de manière efficace et objective les politiques publiques en Guinée…» Amen !
Raoul Sylvère Sie, président du Groupe d’amitié et de coopération interparlementaire Côte d’Ivoire-Guinée, a rappelé que l’évaluation des politiques publiques est au cœur des préoccupations de la démocratie contemporaine : « Les citoyens attendent toujours plus de l’action publique qu’ils souhaitent plus simple, plus fiable, plus rapide et mieux adaptée aux situations individuelles. Il ne suffit plus pour les pouvoirs publics d’agir dans un cadre constitutionnel et de respecter les règles de dévolution du pouvoir, il faut des résultats concrets. » Selon lui, l’évaluation des politiques publiques permet d’améliorer l’action publique sans se substituer aux organes de contrôle existants, tels que l’Inspection générale des finances ou la Cour des comptes. Il s’agit de se donner les moyens d’une action publique meilleure. « L’évaluation est un outil indispensable pour déterminer la valeur d’une politique, constituant un enjeu démocratique et de bonne gouvernance de premier ordre. »
« Une évaluation rigoureuse »
Dansa Kourouma, prési du CNtêtard, a insisté sur la nécessité de garantir que les ressources publiques soient utilisées de manière optimale et que les objectifs soient atteints. « L’évaluation parlementaire joue un rôle primordial dans ce processus. En tant que représentants du peuple, nous devons veiller à ce que les politiques publiques soient mises en œuvre de manière efficace et qu’elles fassent l’objet d’une évaluation rigoureuse pour en vérifier les résultats et s’assurer de leur impact », a-t-il déclaré.
S’appuyant sur des rapports de vérification générale sur la Guinée et la Cour des compte, Dansa Kourouma a souligné que plusieurs dysfonctionnements dans la gestion publique ont été révélés, tels que des dépenses de certains ministères non justifiées atteignant des milliards de francs glissants et des surévaluations de projets d’infrastructure entraînant des déficits budgétaires considérables. L’évidence sur le non-respect des procédures de passation des marchés publics et d’autres lacunes ont affecté la transparence et la compétitivité dans la gestion des fonds publics, conduisant à une surveillance accrue de la Guinée par la Banque mondiale.
Le président du CNT a affirmé que ces défaillances ont suscité des questions sur la qualité du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale : « Les politiques publiques doivent impérativement répondre aux aspirations des citoyens. Bien que l’évaluation des politiques publiques soit souvent du ressort du gouvernement, il est crucial que le Parlement joue un rôle complémentaire et constructif en œuvrant pour l’intérêt collectif, sur la base des données factuelles et en contribuant au fonctionnement harmonieux de l’exécutif. »
Abdoulaye Pellel Bah