En Guinée, le commerce en ligne (e-commerce) se développe de jour en jour. Malgré ses avantages, dans les transactions, acheteurs et vendeurs n’échappent pas aux arnaques.

Des start-ups ou encore des plateformes créées sur les réseaux sociaux foisonnent dans la toile. Afrimalin, Makitishop, Guinée commande ou encore Arabinènè, sont des start-ups qui conquièrent le marché guinéen sur internet. La technique de faire des affaires sur la toile, « consiste à donner la possibilité aux vendeurs d’afficher des offres sur des sites ou plateformes et aux acheteurs de faire la commande des articles. Ce système de commerce vient compléter, sinon remplacer les activités commerciales traditionnelles. » Ce type de vente est très vaste et regroupe plusieurs catégories de maintes particularités.

Cinq ans sont déjà passés depuis que Thierno Mamoudou Sow a fondé Arabinènè. Il évolue dans la catégorie Marketplacespécialisée. Dans une interview du 5 octobre, il a expliqué les types de commerce électronique : « Il y a le commerce électronique traditionnel : ce sont des plateformes généralistes comme Amazon ou Alibaba, qui proposent une variété de produits allant des vêtements aux équipements électroniques. La Marketplace spécialisée est comme Arabinènè par exemple, qui se concentre sur les produits locaux et culturels de Guinée, en mettant en relation vendeurs et acheteurs. Le Drop shipping, c’est où les vendeurs n’ont pas besoin de stock physique. Ils vendent et envoient les produits directement depuis les fournisseurs. Les sites de Vente flash sont des plateformes qui proposent des promotions limitées dans le temps, souvent avec des réductions intéressantes. Les sites d’annonces, c’est la vente entre particuliers. Ce sont des plateformes comme Leboncoin qui permettent aux particuliers de vendre leurs biens directement à d’autres consommateurs. »

Thierno Mamoudou Sow, fondateur d’Arabinènè

Mamadou Bobo Baldé, sociologue et administrateur de la page Facebook, Tk-shop, est un autre acteur qui fait de la vente en ligne son activité quotidienne. Contrairement au fondateur d’Arabinènè, il enregistre toutes les commandes pendant la nuit avant que lui-même ne fasse les livraisons. «Nous évoluons dans la vente des habits et des chaussures. Comme on n’a pas de boutique, ce sont nos fournisseurs du marché de Madina qui nous envoient les images des différents articles disponibles en boutiques. Nous les postons sur notre page, en mentionnant le prix de chaque article. Les publications sont boostées, ce qui nous donne plus de chance de trouver de preneurs…» Et cette vente en ligne fait son affaire. «Malgré les charges, je m’en sors bien dans ce business-là. Je suis avec un ami, on gère ensemble la page», affirme Bobo.

Attention à l’arnaque

Ibrahima Issa Diallo et Amadou Djouldé Bah sont habitués à faire des achats sur le net. S’il y gagne en temps et en énergie, Ibrahima Issa dénonce la cherté des prix en Guinée, « contrairement dans d’autres pays où la vente en ligne est moins chère que dans les magasins. J’ai acheté ma voiture depuis l’Allemagne à travers un site de vente. J’ai effectué le paiement via une carte bancaire et quelques semaines après, j’ai reçu la voiture ici à Conakry. Dans les autres pays, un produit vendu en ligne est moins coûteux qu’en boutique, mais en Guinée, c’est le contraire. » S’y ajoutent, dénonce-t-il,  la mauvaise qualité «  de beaucoup de produits livrés. J’ai acheté un produit médical (massage), mais j’ai trouvé qu’il n’était pas bon, contrairement à ce que le vendeur m’avait dit. Heureusement pour moi, on avait conclu que si je suis insatisfait, il va me restituer 50% du prix, c’est ce qu’on a fait finalement…»  Amadou Djouldé Bah, lui, raconte une anecdote : «Un ami a commandé un boubou pour homme à l’approche d’une fête, mais en lieu et place, on lui a livré un boubou de même couleur, mais de modèle femme.»

Ibrahima Tély Diallo est marchand de chaussures au marché de Madina. Il fait aussi des affaires via les réseaux sociaux. Il reconnaît la tromperie dans la vente en ligne en Guinée, même s’il se plaint de la malhonnêteté de certains acheteurs : «On est souvent aussi victimes des arnaques de la part des gens qui font les commandes. Ils font le choix des articles et ils nous disent de faire un retrait Orange-money par exemple, en attendant que les chaussures ne leur soient livrées par nos services. Mais après, ces clients disent avoir confirmé le retrait, en nous envoyant de faux messages. J’ai perdu récemment 1 000 000 GNF comme ça. Sur Facebook par exemple, on utilise les images transférées par nos fournisseurs depuis la Chine, après notre commande. Donc, il  y a toujours une légère différence entre la photo et l’article livré, c’est là où peut-être on est accusés de tromper les clients, alors que ce n’est pas le cas. »

Entretenir la confiance

Le fondateur d’Arabinènè, Thierno Mamoudou Sow, parle de problème de confiance entre vendeurs et acheteurs. « Les clients craignent souvent de se faire arnaquer ou de ne pas recevoir le produit commandé ou encore de recevoir un article de mauvaise qualité. La logistique est également un défi, surtout dans les régions ou l’infrastructure de transport est dégradée. S’y ajoutent les délais de livraison qui peuvent être longs, si les marchandises proviennent de loin. » Mais pour rassurer les clients, l’entrepreneur propose « un service sécurisé avec une vérification rigoureuse de nos produits et ceux de nos vendeurs partenaires. Nous offrons également des mécanismes de paiement à la livraison, des garanties de retour et une assistance-client proactive. Cela permet de rassurer les acteurs et d’offrir une expérience d’achat plus fiable». Pour éviter les arnaques, Thierno Mamoudou Sow conseille aux acheteurs de «vérifier la crédibilité des vendeurs en consultant des plateformes reconnues, lire aussi les avis des autres clients. Ne pas partager des informations secrètes, comme les détails bancaires en dehors des plateformes sécurisées », a-t-il conclu.

De la loi

Une loi réglemente l’e-commerce ou commerce électronique en Guinée. La Loi L/2016/035/AN du 28 juillet 2016 encadre les transactions électroniques, tout comme le décret D/2021/092/PRG/SGG portant sur les transactions électroniques en Guinée. «Ces textes législatifs, souligne Thierno Mamoudou Sow, visent à protéger à la fois les consommateurs et les vendeurs en ligne, en garantissant la transparence et la sécurité des transactions».

Souleymane Bah