Sommée d’organiser, avant le 30 avril, son congrès sous peine de suspension, l’UFDG a notifié au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation l’impossibilité de tenir ce délai. Le MATD tiendra-t-il compte du fait que la justice ait intimé au parti de surseoir à tout congrès en attendant sa décision le 9 mai sur la crise qui l’oppose à Ousmane Gaoual Diallo ?
Dans son élan de renouvellement des instances du parti, l’UFDG reste désormais bloqué. Le parti est suspendu à la décision que le tribunal de première instance de Dixinn rendra le 9 mai prochain. La juridiction a été saisie par Ousmane Gaoual Diallo, actuel ministre des Transports et porte-parole du gouvernement, pour contester son exclusion. Une procédure judiciaire ayant entraîné la suspension de tous les congrès projetés par le cadre banni (12 et 13 avril) et le parti (19 et 20 avril), en attendant l’issue judiciaire.
A l’UFDG, c’est le qui-vive et cela d’autant que l’ultimatum du MATD expire le 30 avril. Soit dix jours avant le délibéré du tribunal.
Qui du MATD et de la justice obéir ?
A l’occasion de l’assemblée générale le 12 avril, le vice-président du parti, Fodé Oussou Fofana, a déclaré que l’UFDG a déjà saisi le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. « Nous sommes fins prêts pour notre congrès, mais il n’aura pas lieu, a-t-il rappelé, dépité. Le tribunal de Dixinn demande qu’on le suspende en attendant qu’il se prononce sur le différend entre l’UFDG et un cadre exclu du parti. Pour respecter la justice, nous reportons le congrès. Nous avons pris le soin d’écrire au MATD pour l’informer officiellement de la situation. Quand il nous dit d’organiser le congrès au bout de 45 jours, la justice nous demande de tout suspendre. Nous n’avons pas besoin de réfléchir, la décision de la justice est au-dessus de celle du MATD. Nous sommes légalistes, le seul élément qui reste, c’est le congrès. Mais on ne peut aller au-delà de la décision de la justice. » Même que la totalité des 112 fédérations de l’intérieur et de l’extérieur de l’UFDG sont déjà renouvelées.
Ousmane Gaoual Diallo croit pouvoir prendre la place de Cellou Dalein Diallo, leader du parti. Pour Fodé Oussou Fofana, l’ex-coordinateur de la Cellule de communication de l’UFDG n’en a aucune chance : « Nous sommes un parti indépendant, une association. J’espère que la justice ne va pas nous comparer à une personne exclue. Il n’y a pas de mariage forcé. Ce que la justice peut faire, c’est de nous dire : voilà les points que vous n’avez pas respectés. Dans ce cas, nous nous retrouverions de nouveau pour respecter lesdits points et exclure la personne. Personne ne peut imposer quelqu’un au parti. »
Le MATD entretient le flou
Le 14 mars dernier, le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation a autorisé l’UFDG à exercer « normalement » ses activités politiques, sous réserve de tenir son congrès au plus tard dans 45 jours. Cette échéance prend normalement fin le 30 avril. Or, la justice se prononce le 9 mai. A condition que le délibéré ne soit pas prorogé. L’UFDG compte sur le fait qu’il ait avisé le département de tutelle, ce dernier entretient le suspense. Une source proche du ministère, qui a requis l’anonymat, réagit en off : « C’est une simple note d’information qu’ils adossent à la décision du TPI de Dixinn pour nous transmettre. Elle n’a aucune valeur juridique. »
La directrice nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale n’a pas voulu commenter le sujet. Djénabou Camara confie que le point sera fait à la prochaine évaluation « pour l’UFDG comme pour les autres partis politiques. » A l’issue des 45 jours impartis au parti ou de l’habituelle échéance d’évaluation des trois mois ? C’est le flou artificiel.
Yacine Diallo