Vendredi 4 avril, un dernier hommage a été rendu en l’honneur de Fodé Kanté, ancien premier président de la Cour des comptes, décédé le 28 mars à Paris des suites de maladie. Un  symposium en sa mémoire a été organisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry à Kaloum.

Des représentants d’institutions comme la Haute autorité de la communication, la Cour suprême, la Cour d’appel de Conakry, des magistrats et d’autres personnalités dont le ministre de la Justice ont rendu un dernier hommage à Fodé Kanté. Sa famille, amis et collaborateurs, émus, ont témoigné de la gentillesse, de la rigueur du sympathique Fodé Kanté, reconnu comme travailleur.

Le Garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Yaya Kaïraba Kaba, rappelle qu’au-delà d’être un ami à Fodé Kanté, il était un de ses proches collaborateurs. Le ministre souligne avec « gravité et émotion » que la disparition de Fodé Kanté dépasse le cadre institutionnel. Elle est une perte « intime, doubleuse, une blessure » dans son cœur et dans l’histoire professionnelle commune. « Il avait une vision claire: bâtir une justice financière forte, indépendante, au service de la transparence et de la bonne gouvernance. Il croyait profondément que ‘’le respect de la chose publique commence par l’exemplarité de ceux qui en sont les gardiens’’, il fut, en cela, exemplaire ». Son œuvre, son sens du devoir, son intégrité resteront à jamais un repère pour les générations futures, déclare le ministre. Il cite le juge Giovanni Falcone, grand magistrat italien tombé au service de la justice : « Les hommes passent, les idées restent et continuent à marcher sur les jambes d’autres hommes. Fodé Kanté nous a légué ses idées », a déclaré Yaya Kaïraba Baka.

Boubacar Yacine Diallo

Le présidebt de la Haute autorité de la communication (HAC), Boubacar Yacine Diallo, rappelle qu’il a connu Fodé Kanté magistrat quand, lui, était journaliste d’investigation. Le défunt, dit-il, fut une source fiable pour lui. « Je recherchais ceux qui détournaient et les mettais à la place publique. Et monsieur Kanté a été une source d’information fiable et cachée. Et lorsqu’il a été nommé président de la Cour des comptes, modeste qu’il est, il a ignoré son protocole pour me rechercher et lui indiquer la place qu’il devait occuper dans le protocole d’Etat, lors des cérémonies officielles. Voilà l’homme modeste que j’ai connu. Il s’en va dans son calme, dans sa sérénité. Il croit peut-être, être dans la solitude. Je lui dis : non. Il y trouvera et dans le paradis, des magistrats émérites comme Kéléfa Sall et tous les autres ».

Pour le président de l’Association des brevetés des écoles nationales d’administration et de magistrature (une association sous régionale) et ami du défunt, Fouta Diakhoumpa, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui vient de perdre un cadre. Selon lui, Fodé Kanté était un père ayant su inculquer des valeurs (respect, honnêteté et solidarité à ses enfants). « C’était un ami loyal, un vrai frère sur qui l’on pouvait toujours compter. Alors que nous pleurons sa perte, nous sommes également ici pour célébrer l’œuvre de sa vie, honorer son héritage, son engagement envers la justice, son amour pour sa famille et son amitié sincère resterons gravés dans nos cœurs. Que son exemple nous inspire ! »

Entouré des siens en larmes, dans une toge, Aboubacar Sidiki Kanté, fils du défunt, se souvient des bons moments passés avec son père. Devant la dépouille, il dit plaider pour leur propre cause. «Tes enfants se tiennent devant toi pour plaider, non pas ta cause mais leur propre cause. Car tu as été si bon, si juste et si aimant envers eux. Ils regrettent de n’avoir pas eu suffisamment de temps pour te donner ton dû. Revêtu de ma toge, il s’agit de la première et dernière plaidoirie que tu recevras. En ce jour mémorable, un seul mot allie tous tes enfants, la reconnaissance ». Aboubacar Sidiki ajoute qu’aujourd’hui, la patrie reconnaît ce que l’œuvre qu’il lui a rendue, avant d’ajouter au nom de la famille : « Nous sommes fiers de toi. Tu nous as offert une ouverture sur le monde de la pensée et des idées, cet héritage continue de nourrir nos esprits ».

Fodé Kanté a été nommé président de la Cour des comptes en janvier 2024 par le président de la transition Mamadi Doumbouya. Né le 20 février 1957 à Kouroussa, Fodé Kanté a été, entre autres, juge à la Cour commune de la justice et d’arbitrage de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), président du tribunal de première instance de Kaloum. Il laisse derrière lui deux veuves et dix enfants. Il a regagné sa dernière demeure dans l’après-midi du vendredi 4 avril, au cimetière d’Entag, dans la commune de Tombolia.

Souleymane Bah