Quatre mois déjà ont passé depuis le drame enregistré au stade du 3 Avril de Nzérékoré, lors de la finale du tournoi doté du trophée général Mamadi Doumbouya, le 1er décembre 2024. Les victimes peinent à avoir justice.
Leurs avocats ont déposé plainte depuis le 10 mars dernier. Un rapport a été déposé à la Primature fin février dernier. Mais, n’est visible sur le terrain aucune action pour faire la lumière sur ce drame ayant fait 140 morts, plusieurs blessés, selon des organisations des droits de l’homme contre un bilan officiel de 56 morts. Face « à l’inaction du procureur de Nzérékoré », dit-il, le collectif des avocats des victimes et parents des victimes du drame de Nzérékoré a saisi le parquet général de la Cour d’Appel de Kankan, le 16 avril. Il plaide pour l’ouverture d’une information judiciaire. « Aux termes de l’article 42 du code de procédure pénale, vous disposez d’un pouvoir d’instruction hiérarchique sur les procureurs de la République relevant de votre ressort. En l’espèce, la tentative du procureur de la République de N’zérékoré de dessaisir au profit de votre parquet constitue une dérive procédurale injustifiée contraire à l’article 51 du même code qui vous permet en revanche d’enjoindre au procureur inférieur de prendre des réquisitions conformes à vos instructions », écrit le collectif au parquet général de Kankan.
Le collectif des avocats estime que la nature des faits en cause (usage disproportionné de la force, morts massives, blessures graves, disparitions), oblige les autorités judiciaires à agir avec diligence et impartialité. Même que le refus implicite ou manifeste d’ouvrir une information judiciaire dans une affaire de crime de masse équivaudrait à un déni de justice. « Ce comportement viole également l’article préliminaire du code de procédure pénale qui consacre le droit des victimes à être informées et à participer à la procédure ». Les avocats évoquent le droit international, pour confondre les autorités. « En matière de crimes graves et de violations massives des droits humains, la jurisprudence internationale (notamment celle de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples) rappelle que les autorités nationales ont l’obligation positive d’enquêter efficacement, promptement et de manière indépendante sur les allégations de violations graves y compris lorsqu’elles sont commises par des agents de l’Etat ».
Des hauts responsables de l’Etat, Kéamou Bogola Haba, ministre de la Jeunesse et des Sports, Félix Lamah, ministre de l’Agriculture et d’autres personnalités politiques administratives, policiers et militaires, sont visés par la plainte, pour des faits qualifiés de meurtre, homicide volontaire, coups et blessures volontaires, vols, violences, entrave au secours, recel de cadavres, abstention délictuelle, trafic d’influence, entrave à la saisine de la justice, atteinte à la santé publique et complicité. Excusez du peu ! Tous les regards sont désormais tournés vers le parquet général de la Cour d’Appel de Kankan.
Ibn Adama