Le 4 mai, à l’occasion de la messe de clôture du pèlerinage des chrétiens catholiques de Guinée à Boffa, l’évêque du diocèse de Boké a interpellé les autorités sur la situation sociale et politique du pays. Moïse Tinguiano, dénonce également la transhumance des politiques «qui mangent la nuit et se taisent la journée».
Dans son homélie, l’évêque du diocèse de Boké a évoqué l’actualité du pays. Alors que les manifestations sont interdites, les voix discordantes sont menacées ou disparaissent, Moïse Tinguiano demande aux autorités d’œuvrer plutôt à un dialogue solide et inclusif. «L’épineuse question sur l’interdiction dans certains secteurs et activités de la vie sociopolitique, nous disons humblement aux membres du CNRD et du gouvernement, ne faites pas taire la voix. Ne dîtes jamais que nous vous avons formellement interdit, ce moment est trop crucial pour nous. Il faudrait, à notre humble avis, poser des bases solides de dialogue inclusif, sincère afin que cette transition soit la dernière dans notre pays. Et cela dépend de nous tous». Pour l’évêque, lorsque les opinions des Guinéens sont exprimées dans la vérité, l’amour et le respect de la dignité de l’autre, «elles ne devraient jamais être perçues comme une menace». C’est pourquoi, il déconseille les Guinéens de suivre «des gens qui passent d’un parti politique à un autre, parce qu’ils n’ont pas de conviction claire, ils mangent la nuit et se taisent le jour».
Moïse Tinguiano souligne que la Guinée traverse une période délicate, marquée par des aspirations profondes à une refondation politique, sociale et institutionnelle. Pour lui, «tout processus de renouveau véritable, de résistances sont inévitables : les interdictions, les blocages, les pressions peuvent se multiplier, comme pour dissuader un peuple et poursuivre son projet de renaissance.» Il ajoute que certaines de ces interdictions prennent la forme de pression internationale. Des puissances étrangères, inquiètes de voir leurs intérêts menacés, cherchent à imposer silence et recul… D’autres interdictions naissent à l’’intérieur, entre nous-mêmes, elles peuvent cibler un parti politique, une radio libre, une chaîne de télévision indépendante. L’objectif, souvent déguisé, est de freiner l’élan, les volontés populaires et ramener le pays au point de départ».
L’évêque estime qu’il est vital de savoir «ce qu’on est, veut et porte comme espérance». Le peuple de Guinée ne peut renoncer à son droit de rêver, de rêver de grandes choses, d’une nation plus développée. On veut des gens qui savent rêver, s’ils ne le savent pas, qu’ils disparaissent de ce monde».
Souleymane Bah