La célébration de la journée internationale de la liberté de la presse le 3 mai courant, a été marquée par une fracture nette entre le syndicat de la presse privée et les associations de presse. Les syndicalistes ont mis à profit cette journée pour tirer la sonnette d’alarme sur l’avenir du journalisme indépendant. Les associations de presse et les autorités ont saisi cette opportunité pour sermonner les journalistes.
Depuis le retrait des licences et des agréments de certains organes de presse de la place au mois de mai 2023, bon nombre d’employés de ces médias broient du noir, sont au chômage. Il y a lieu de méditer avec détachement et objectivité sur la profonde crise que traverse actuellement la presse publique et privée- si l’on veut aboutir à des solutions durables. Pour ce faire, ne faudrait-il pas revoir le cadre institutionnel dans lequel évolue cette presse ?
Mauvaise foi ? Méthode Coué ? Les associations de presse et le gouvernement se félicitent, en dépit de la dégringolade constatée dans le classement mondial de la liberté de la presse. A contrario, le syndicat de la presse s’indigne du recul de l’exercice du métier de journalisme en Guinée.
Au regard donc de ces prises de positions divergentes, avec pour conséquence une certaine confusion dans l’appréciation de la prestation des organes de presse, il devient impératif et même urgent de procéder à un état des lieux sur le cadre institutionnel dans lequel évolue la presse nationale.
Il faut le reconnaître, si la crise qui affecte de nos jours sérieusement la corporation a eu des conséquences insoupçonnées à savoir la fermeture d’organes de presse, une analyse objective laisse apparaître une erreur de casting dans la gestion de cette crise. En effet, au tout début les contradictions entre le syndicat de la presse et les patrons de presse ont largement profité aux autorités. De façon basique et lapidaire, il est établi que le syndicat a vocation de défendre les travailleurs et le travail. Dans cette logique, le syndicat de la presse et les patrons de presse, qui sont les employeurs devraient par le biais de consultations et concertations aboutir à une démarche commune pour comme « sauver les meubles » : l’objectif principal étant de préserver vaille que vaille les emplois.
En souhaitant vivement que les démarches officielles et informelles qui sont menées aboutissent à un heureux dénouement de cette crise, qui affecte la corporation, il serait judicieux maintenant de se projeter sur l’avenir de la presse nationale. Et pour ce faire, les états généraux de la presse seraient les bienvenus. Depuis la tenue des journées nationales de la presse dans les années 90, au regard des mutations opérées, il s’avère urgent d’organiser les états généraux pour évaluer le chemin parcouru dans le domaine de l’information et de la communication, et jeter un regard critique sur le cadre institutionnel et juridique dans lequel les journalistes devraient désormais travailler. C’est une démarche qui va permettre de briser certains tabous, clarifier davantage les relations entre les pouvoirs publics et le monde des médias.
Thierno Saïdou Diakité