A l’approche de la fête de Tabaski, de nombreux fidèles musulmans souhaitent passer l’Aïd auprès des leurs dans les villes et villages de l’arrière-pays. A la gare routière Général Lansana Conté de Bambéto, difficile de trouver un taxi, notamment pour l’axe Conakry-Pita-Labé.
A la gare routière de Bambéto, il y a une grande affluence des voyageurs vers l’intérieur du pays, pour la fête de Tabaski. Les motivations de fêter au village sont diverses : réaliser des initiatives de développement communautaire, faire des sacrifices, grandes retrouvailles… Les parents de Thierno Oumar Rafiou Bah vivent au village, il veut se rendre à Pita. « Ce n’est pas la première fois d’aller au village. Je profite de chaque fête pour rendre visite aux parents. Ça les réconforte. Ce n’est pas tout, des ressortissants de notre village vivant en Sierra Léone, au Liberia rallient le village afin de réaliser des projets de développement communautaire initiés par les associations. Ce qui fait qu’il y a beaucoup d’engouement chez-nous. Mais, il n’y pas suffisamment de véhicules pour s’y rendre ».

« Tous mes amis s’apprêtent à bouger. Je ne manquerai pas non plus de fêter là-bas. Au village, nous retrouverons nos amis d’enfance afin de passer de bons moments. Donc je ne louperai pas ces moments, sinon j’aurais raté la plus belle des fêtes », estime Mamadou Gando Bah, originaire de Télimélé.
Des hics
La volonté de fêter au village se heurte toutefois à des difficultés : dégradation des routes, non-respect du code de la route, risque d’accidents de la circulation… Boubacar Barry compte voyager en moto. « Je sais que voyager en moto est dangereux en cette période, mais je bouge le mercredi [4 juin] très tôt afin d’arriver à temps dans mon village. J’y vais annuellement, sauf s’il y a des cas urgents : décès ou maladies graves… La fête au village, c’est mieux qu’ici ».

Des chauffeurs rencontrés, lundi 2 juin à la gare routière de Bambéto, se plaignent également de difficultés. Thierno Souleymane Bah roule entre Conakry-Labé : « Il y a trop d’embouteillages. Cela est dû aux mauvaises conduites. Des chauffeurs qui n’ont aucune maitrise des longs trajets se lancent dans le safari. Les usagers sont trop nombreux. En plus, la route est rétrécie entre Conakry-Mamou. C’est pourquoi je préfère voyager la nuit afin d’éviter les bouchons. Au retour, nos véhicules sont presque vides, faute de passager. Pour combler le manque à gagner, on fait payer tout colis. Sinon, même le prix de carburant nous n’aurons pas ».
Mamadou Mountaga Barry roule Conakry-Mali Yimbéring. Il accuse les passagers de pousser les chauffeurs à la faute. « Je suis rentré de Mali vide. J’ai consommé 60 litres suite aux embouteillages. Deux véhicules sont entrés en collision à Kindia. La route était complètement bloquée. Des passagers nous proposent de payer plus que le tarif normal, juste parce qu’ils veulent aller au village. Mais, nous avons déjà nos clients. Nous n’augmenterons pas le tarif », promet-t-il.
Hausse de tarif ?
Le transport aller Conakry-Labé coûte officiellement 180 000 francs guinéens. Mais, des chauffeurs auraient augmenté le prix. « Le 31 mai, j’ai payé 200 000 Gnf pour aller à Labé et le chauffeur a insisté sur la sommes », dénonce un passager qui a requis l’anonymat. « Nous nous sommes embarqués à la Bellevue, à 4 heures du matin, mais tous les passagers ont payé 250 000 000 francs guinéens de Conakry à Pita. Le chauffeur prétexte qu’il n’aura pas de passagers au retour », confie pour sa part Mamadou Yacine Bah.

A la gare routière Général Lansana Conté de Bambéto, Mamadou Samba Diallo, chef de ligne Conakry-Labé et membre du syndicat des transporteurs, dément toute augmentation du transport. « Les chauffeurs reviennent vide, mais le prix reste le même. Ce n’est pas facile pour eux. Mais, comme il y a suffisamment de passagers actuellement à Conakry, nous sommes obligés. Pour minimiser les risques, nous avons donné des instructions aux chauffeurs de faire l’entretien de leurs véhicules avant chaque voyage ». Et d’annoncer que le syndicat a créé une « brigade » spéciale de civils pour contrôler le respect des tarifs. « Nous leur demandons de maintenir la confiance entre eux et les clients », conseille-t-il. Pas sûr qu’il soit entendu pour tout le monde.
Souleymane Bah