Le 15 décembre, le procès opposant l’Etat guinéen à Mamadi Camara, ancien ministre de l’Economie et des finances, a repris devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Mais à cause de l’indisponibilité du rapport de contre-expertise sur la gestion des fonds par l’ancien ministre, les débats n’ont pu se poursuivre.

Mamadi Camara, ancien ministre de l’Économie et des Finances de 2018 à 2021, est poursuivi pour des faits présumés de « corruption, de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent » portant sur plus 80 milliards de francs guinéens qui auraient disparu de 2011 à 2022 des caisses du ministère, durant le régime d’Alpha Condé.

L’audience de ce 15 décembre devait être consacrée à la poursuite des débats sur le rapport de contre-expertise sollicité par la défense de Mamadi Camara. Il devait être produit par le cabinet Grant Thornton. Mais, apparemment peu rassuré quant à la capacité de l’ancien ministre d’Alpha Condé de payer leurs honoraires pour faire le travail, Grant Thornton hésite, exige des garanties, parfois joue au dilatoire.

Le cabinet avait été désigné depuis le 14 avril dernier, pour un mois, afin de produire la contre-expertise du rapport fait par le Vérificateur général d’État incriminant Mamadi Camara sur sa gestion des fonds à la tête du ministère.

Ousmane Sanoh, le substitut du procureur spécial près la Crief, a expliqué que les responsables du cabinet Grant Thornton lui ont souligné qu’ils ne produiront pas le rapport de contre-expertise tant que le camp du mis en cause (Mamadi Camara) n’entre pas en contact avec eux, afin de fixer le montant des honoraires. « Le cabinet a dit qu’il ne peut entrer en possession du dossier sans avoir discuté au préalable avec la défense », rapporte le substitut du procureur.

Ainsi, le ministère public a proposé à la Chambre de jugement de faire venir les responsables du cabinet Grant Thornton afin de mettre les choses au clair, en présence de toutes les parties.

Me Aboubacar Sidiki Camara, avocat de l’ancien ministre de l’Economie et des finances, a déclaré que le cabinet Grand Thornton ne les a ni appelés au sujet de leurs honoraires ni déposé une facture à leur niveau ou chez leur client. Il revient, selon lui, au cabinet « de nous faire une proposition. Nous ne sommes pas contre cela. »

Pour trancher, le président de la Cour, Yagouba Conté, a demandé au ministère public de mettre en rapport le cabinet Grant Thornton et la défense de Mamadi Camara pour convenir d’un accord. « Cette fois-ci, j’insiste Monsieur le procureur, il ne faudrait pas oublier », enjoint-il.  

La Cour a renvoyé l’affaire au 9 février 2026, pour le dépôt du rapport contre-expertise et la comparution de la partie civile représentée par l’Agent judicaire de l’Etat, le poursuivant dans ce dossier. En outre, le ministère public et la défense de Mamadi Camara ont convenu de poursuivre les débats malgré la recomposition de la Cour, avec Kanda Doumbouya, deuxième assesseur.

 Yaya Doumbouya