Si le goubernement guinéen et ses partenaires ont officiellement lancé l’exploitation du fer du Simandou, sur le terrain, les activités de finalisation de la construction de la mine se poursuivent aux côtés de celles d’extraction. Constat à Beyla, où se trouvent les blocs 3 et 4 de Rio Tinto Simfer.

Devant notre bus qui descend à pas de caméléon la mine de Ouéléba, roule au même rythme une ADT 45 du sous-traitant, la Guinéenne de prestation et de construction (GPC). En ce début d’après-midi du 9 décembre, le ciel est clément dans cette partie de la pluvieuse région du sud-est de la Guinée. « Vous voyez le minerai de fer ? » interroge notre guide, l’index pointé en direction de la cargaison du Camion-benne articulé qui amorce un des nombreux virages de la route qui serpente la mine. L’homme insiste sur la haute teneur (65%) du minerai d’une rare qualité, lequel contribuerait à décarboner la polluante industrie sidérurgique mondiale.

Plus de 11 000 emplois

Ouéléba représente le bloc 3 de la concession de Simfer, située dans la préfecture de Beyla. Elle concentre actuellement les activités du consortium formé de l’anglosaxon Rio Tinto, l’État guinéen et du chinois Chinalco. Depuis la cime de montagne de fer située à plus de 1000 mètres d’altitude, le visiteur a une vue panoramique sur les installations de Simfer : les trois camps (Canga, Siatourou et Tinjou) qui abritent 5 000 employés sur les 11 000.

La mine de Ouéléba

On voit également les mouvements dont la poursuite de l’installation des convoyeurs. Mis bout à bout, ces derniers totalisent une longueur de 12 km. Ils remplaceront les bennes de GPC qui font la navette entre la mine située en hauteur, les deux concasseurs (primaire et secondaire) et l’aire de stockage en contrebas.

Sont également en cours d’installation les silos qui vont charger automatiquement et en une heure le train. En attendant, ce travail est mécaniquement effectué par les tractopelles de GPC. Le train vide en provenance du port de Moribayah situé sur la côte Atlantique, à 650 km de la mine, fait une boucle ferroviaire dont la construction s’achève fin décembre et reprend le chemin inverse les wagons chargés du fer.

Plus de 60 millions de tonnes de fer

Ce n’est pas la construction de la mine seulement qui se poursuit après le lancement de l’exploitation le 11 novembre dernier en grande pompe à Forécariah. Il y a aussi certains bâtiments administratifs. La construction du quai de Rio Tinto, à Forécariah, prendra fin en 2027. Une année qui marquera la mise en service de l’ensemble du système ferroviaire et portuaire et fera monter la production annuelle à 60 millions de tonnes.

En attendant, la société évacue son minerai par le terminal à barges de Winning consortium Simandou (WCS). L’autre coentreprise formée de Winning international group, Baowu resources et de Weiqiao aluminium exploite les blocs 1 et 2, situés à Kérouané. Le massif de Simandou est en effet une chaîne de montagnes de 110 km, trait-d’union entre cette ville de la Haute-Guinée à Beyla, plus au sud (Guinée forestière).

Avant de se poser sur la mine de Ouéléba, après une dizaine de minutes de survol de la concession de Rio Tinto, notre hélico a décollé du Pic de Fon : le bloc 4 de Simfer. Une forêt classée riche, outre du fer, d’une biodiversité exceptionnelle comme les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest. Ces primates font partie d’un total de 47 espèces de grands mammifères recensés et plus de 1 400 espèces botaniques, dont 55 menacées d’extinction.

Défis environnementaux

La stratégie d’exploitation de Pic de Fon est encore en réflexion. Le concessionnaire entretient une pépinière et une banque de semences avec les essences locales pour restaurer les zones affectées par le projet, enrichir d’autres forêts dans les environs et cela d’autant plus important que certaines espèces ne peuvent germer ou être transplantées ailleurs. Il évalue à plus de 8 000 plants reboisés par ses équipes en 2025.

Simandou abrite également des sources d’eau, habitat de rares voire uniques espèces aquatiques aussi menacées comme des poissons amphibiens. Leur survie est un défi aussi grand qu’une montagne de fer.

Diawo Labboyah

Envoyé spatial