Une affaire d’escroquerie secoue la sous-préfecture de Timbi-Tounni, dans le buisson de Pita. Un gars qui serait venu de la Mauritanie, installé depuis 9 ans dans le district de Toubou, se faisant passer pour un toubib, a disparu avec plus de 100 millions de francs glissants piqués à plusieurs habitants.
Mamadou Alpha Bah, l’un des premiers hôtes du quidam, dit que l’étranger avait gagné la confiance de la communauté, en se présentant comme toubib. « Il était à la préfecture de Pita où il soignait des malades à domicile. Son arrivée dans notre district avait pour but de soigner une de nos tantes, par l’intermédiaire de l’un de nos frères qui l’avait déjà rencontré à Pita. Il a soigné un peu la maman, qui est malheureusement décédée par la suite. » Séduit par la relation établie, le gars aurait demandé à s’installer durablement à Toubou. « Après cela, il a dit à notre frère qu’il avait apprécié mes comportements envers lui et que, si nous pouvions lui trouver un local, il accepterait de rester au village pour soigner les habitants. Il nous a montré ses diplômes. Quand nous lui avons demandé s’il était marié, il a répondu que sa femme travaillait dans la fonction publique en Mauritanie et que certains de ses enfants vivraient en France. Nous lui avons fait confiance à cause de ses diplômes et nous l’avons hébergé, afin qu’il puisse soigner des malades, car chez nous, les centres de centé sont éloignés », a-t-il relaté. Précisant que le présumé voleur aurait également tenté de collaborer avec le poste de santé local. Mais la collaboration a fait long feu, puisqu’il ne s’entendait pas avec le chef de poste.
Plus de 100 millions emportés
Les habitants affirment que l’homme a abusé de leur confiance, pour les arnaquer des sommes importantes. «Il m’a arnaqué plus de 15 millions, en me demandant de lui donner l’argent pour investir dans l’achat de médicaments et partager les bénéfices», a déploré Mamadou Alpha Bah, indiquant que les pertes ne se limitent pas à l’argent. « Lors d’un séjour à Dakar, on m’a appelé pour dire que deux de nos vaches entraient dans les jardins et champs des voisins et causaient des dégâts. Je l’ai appelé et lui ai demandé de revendre ces vaches, garder l’argent jusqu’à mon retour. Ensuite, ma maman lui a demandé de lui acheter une vache. Il a pris l’argent, mais il n’a pas acheté la vache. Il semble qu’il avait un compte bancaire où il déposait l’argent.»
Selon lui, plusieurs autres habitants de Timbi-Tounni ont été victimes de l’arnaque dont le sous-préfet du coin. «Il a aussi détourné 48 millions à une personne, à qui il avait dit qu’il avait des parcelles à Pita à revendre pour 60 millions. Le monsieur lui a versé une avance de 48 millions. Mais il n’est pas le seul : plus de 30 personnes de la sous-préfecture ont perdu des moutons ou de l’argent, y compris l’actuel sous-préfet. Selon les informations, il aurait arnaqué ce dernier de 15 millions mais en aurait remboursé 8. Il a demandé au sous-préfet de signer un papier, pour pouvoir emprunter de l’argent au Crédit Rural.» Pour se faire rembourser, le sous-préfet aurait «saisi le vieux véhicule du monsieur qui était garé là.»
Le suspect aperçu à Pita avant de disparaître
Après les révélations, l’homme aurait quitté Toubou, avant de prendre la poudre d’escampette. «J’ai été informé qu’une dame qui l’a reconnu, grâce à la publication de ses photos sur les réseaux sociaux, l’aurait aperçu à Pita mercredi 3 décembre, avec un sac à dos noir et un petit sac blanc. Il était avec un conducteur de taxi-moto, à qui il aurait demandé de l’envoyer à Kédougou. Ce dernier lui aurait même proposé un million, pour les frais de transport.» Mais le quidam reste introuvable.
Réaction des autorités
Malgré l’ampleur du préjudice, des victimes n’ont pas encore saisi la justice. «Le sous-préfet nous avait demandé de porter plainte et il avait dit qu’il allait en faire autant. Mais moi, personnellement, je n’ai pas porté plainte», avoue Mamadou Alpha Bah.
Joint par notre rédaction, le sous-préfet de Timbi-Tounni, Commandant Lamine Irandouno, a confirmé avoir été informé du dossier, mais qu’il ne souhaite pas commenter le sujet. Pour l’heure, les victimes du faux toubib n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Mariama Dalanda Bah


