Par Albert Savana
Dans les années 80, l’album «Legalize it» de l’artiste Peter Tosh avait défrayé la chronique.
La Commission des Stupéfiants de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a voté, le 2 décembre 2020, par 27 voix pour, 25 contre et une abstention, pour le retrait du cannabis des drogues dures. La CND approuve que le cannabis soit déclassifié et ne figure plus parmi les drogues les plus dangereuses alors que l’Organisation Mondiale de la Santé en avait déjà fait la demande. La plante du cannabis a été retirée de l’annexe IV de la convention unique sur les stupéfiants au sujet des drogues dangereuses.
Prohibée par plusieurs pays du monde, la Marijuana est utile pour son potentiel thérapeutique qui représente un marché de 800 millions de dollars en Afrique selon Probibition Partners. Le marché lié au potentiel récréatif de la plante la plus mentionnée dans les codes de procédure pénale pourrait s’élever à 6,3 milliards de dollars. Dans le monde, la manne tirée du cannabis légal dépasserait les 150 milliards de dollars aujourd’hui. A noter que la tendance à la légalisation a actuellement le vent en poupe dans le monde avec beaucoup de variantes. Le 3 novembre, en arrière-plan du vote qui opposait Joe Biden à Donald Trump, l’Etat de New Jersey a fait voter la légalisation du Marijuana par 67% de ses électeurs.
La chambre basse du Congrès américain a approuvé vendredi un projet de loi visant à rayer le cannabis de la liste fédérale des drogues dangereuses, un pas historique vers sa dépénalisation aux Etats-Unis. Le texte a été approuvé (228 pour, 164 contre) par la Chambre des Représentants où il était défendu par les démocrates majoritaires. Mais il a toutefois de fortes chances d’être bloqué au Sénat, actuellement contrôlé par les Républicains. Le projet de loi enfonce quelque part une porte ouverte puisque la consommation du cannabis est légale dans 33 des 50 Etats américains, ainsi qu’à Washington, et dans 11 Etats et la capitale fédérale pour un usage récréationel. Nouveauté instaurée par le projet de loi, l’application d’une taxe de 5% sur la vente de cannabis et ses dérivés pour financer la réinsertion des détenus condamnés et l’aide aux officines légales de vente de cannabis, une industrie en pleine expansion qui pèse plusieurs milliards de dollars.
En Afrique, 10 pays ont déjà adopté une loi favorable à la culture et à l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques. Les législateurs n’ont pas cependant étendu l’ouverture à l’usage récréatif de «l’herbe» qui présente un potentiel économique plus élevé. Le Malawi, le Lesotho, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, la Zambie, le Ghana, Eswatini et, tout dernièrement, le Rwanda, ont adopté des législations autorisant la production du cannabis sous conditions. Par exemple, le Malawi qui a légalisé la culture et la commercialisation (l’agrément coûte entre 100 et 10 000 dollars) de la célèbre plante en limite l’usage aux fins thérapeutiques et industrielles, se passant du potentiel du marché réactif. Idem pour le Rwanda qui a approuvé le 12 octobre dernier un projet de loi autorisant la culture et l’exportation du cannabis à des fins thérapeutiques, la consommation intérieure restant cependant illégale et punie par la loi.
Le continent africain dans produit 38 000 tonnes par an. Il va sans dire que comme pour toute culture prohibée, la part non déclarée, échappant aux statistiques, est plus importante, au petit bonheur des réseaux de trafiquants.