Apparemment, tout le monde a chaud dans cette affaire de « Nabayagate ». Jusque dans le cabinet de Me Dinah Sampil, l’avocat de Madame la Ministre. On peut spéculer, épiloguer sur tout, sauf sur l’expérience professionnelle de cet ancien bâtonnier de l’Ordre des Avocats de la République de Guinée. Malheureusement, ce qu’il a servi aux journalistes présents à sa conférence de braise du mardi 8 décembre est tout simplement ahurissant. On ne sait pas encore pourquoi il a mis la charrue avant les bœufs ; à moins qu’il ait décidé d’user de vœux pieux pour endormir ses interlocuteurs. Voilà quelques-unes des petites perles qui ont émaillé son exposé : « Je vais vous dire simplement que la qualité de ministre n’empêche pas son porteur de répondre à une interpellation judiciaire. Ce n’est pas parce qu’elle est ministre, qu’elle ne pourra pas venir lorsque la justice en exprimerait le besoin…»

Le problème n’est pas de savoir si les ministres répondent ou ne répondent pas à une interpellation judiciaire. Le problème est de savoir si face au ministre, les yeux dans les yeux, le juge réunit toutes les conditions pour dire le droit. Même si la loi est muette là-dessus, l’esprit d’un juge pourrait bien aller se promener vers le gabarit du garde du corps qui accompagne son Excellence au tribunal, ou le volume du carnet d’adresses de cette Excellence-là ou carrément l’épaisseur de son portefeuille et que sais-je encore ?

Une fois n’est pas coutume, Me Sampil conclut avec un raisonnement à l’envers : « Lorsque les preuves palpables seront brandies, madame Zénab Dramé n’attendra pas une seconde de plus pour rendre le tablier. » Pour que ces preuves palpables soient brandies de la manière la plus sûre, acceptez de couper la poire en deux : si ceux qui veulent prendre son poste tardent à s’exécuter, qu’elle rende elle-même le tablier pour laver son honneur. C’est sa demande, non ?

En tout état de cause, il ne faut être ni avocat ni magistrat pour comprendre que la condamnation par la justice d’un quelconque journaliste-enquêteur ne sera pas suffisant pour blanchir Mme la Ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation professionnelle, du Travail et de l’Emploi. Loin s’en faut !

DS