Depuis sa prise de fonction en 2011, le Président Alpha Condé a constitué une ethnocratie. C’est-à-dire une forme de gouvernance par laquelle les représentants d’un groupe ethnique particulier accaparent indûment un nombre important de postes de commandement sans commune mesure avec son importance numérique au sein de la population totale dans l’unique but de se maintenir dans une position monopolistique durable au détriment des autres groupes ethniques. On recycle les mêmes vieilleries qui, dans le passé, avaient déjà prouvé leur vacuité. Par ailleurs, même si ce sont des gens couverts de capacités (et ce n’est pas le cas), il n’y a pas qu’eux dans le pays ! Le leadership de la Guinée a besoin d’être renouvelé. A quoi servent les nouvelles générations de citoyens formés par ce système éducatif quelque mal fichu qu’il soit ?
L’acharnement contre les Peulhs
Imitant ses prédécesseurs malinkés, il s’est particulièrement acharné sur la communauté peulh. Un groupe ethnique numériquement important avec plus de 40% des Guinéens. L’histoire de la Guinée ces soixante dernières années a été marquée par la stigmatisation de la Communauté Haali Pularà travers les discours officiels en langue française et en langues nationales, la ségrégation flagrante dont font l’objet ses fils dans les nominations aussi bien aux hautes fonctions de l’Etat qu’au niveau des postes techniques dans l’administration centrale et déconcentrée ainsi qu’au sein des forces de défense et de sécurité.
Tout ceci se fait au mépris de la loi et des indispensables équilibres régionaux et sociaux qui avaient été pourtant promis par ledit « vainqueur » des élections présidentielles de 2010 et qui constituent l’un des baromètres de toute véritable démocratie. Son Parti, le RPG, a été récupéré par l’Union Mandingue qui a facilité son émergence et pour qui le « tout sauf un Peulh » = « tout sauf un Soussou » = « tout sauf un Forestier », équivaut concrètement à « tout pour un Malinké » ! Il s’est appuyé sur des Malinkés pour diviser les Guinéens et pouvoir régner.
Contrairement à ce qui se passe ailleurs en Afrique, le « Problème peulh » en Guinée n’est pas communautaire. Les Peulhs ne sont en conflit avec aucune autre ethnie en Guinée. Nous avons visité et travaillé dans toutes les Préfectures du pays et dans plus de cent quatre-vingts sur les trois cent trois Sous-préfectures qu’elle compte. Nulle part, nous n’avons vu et/ou assisté à des conflits inter communautaires.
Ici les Peulhs sont victimes des élites politiques malinkés
Bien avant la création de la Guinée dans sa configuration actuelle, Samory Touré avait dit : « Les Peulh, qu’ils soient de teint noir (ceux du Wassoulou) ou de teint clair (ceux du Fouta) sont des lâches et des traitres ». A la veille de l’Indépendance, avec Sékou Touré, chaque fois qu’il a la moindre compétition politique avec un leader peulh, il s’en est pris à tous les Peulhs qu’il stigmatise et diabolise. Il coalise les autres Guinéens contre eux. Et les fait tuer comme en 1975, à Mali, à la frontière sénégalaise. Et en 1976, dans des discours haineux et violents, il appelle au génocide des Peulhs. Au cours de la même année, il prive les élèves Peulh de bourses d’études à l’étranger pour longtemps ! Il a fait école. La violence contre les Peulhs de la part des leaders politiques est devenue une habitude, une culture. Ces leaders dans leur intégralité vont l’imiter.
Comme Alpha Condé. En avril 1994, il répète les discours corrosifs de Samory sur les Peulhs. Arrivé au pouvoir, surtout que son principal concurrent et opposant est Peulh, il se déchaine sur eux. Sur tous les plans. Enfin, signalons qu’en six décennies d’indépendance, la Guinée a connu trois présidents malinkés sur six.
Alpha Condé s’en prend désormais à tous les Guinéens
Pour lui, un Malinké qui vote pour un Soussou est un batard. C’est lui qui l’a dit ! Les Forestiers ne sont plus seulement des « Toukoromoo », mais aussi et surtout des buveurs de sang. C’est encore lui qui l’a dit ! A l’égard de nos compatriotes de Guinée Forestière, il affiche mépris et condescendance. Le pouvoir du RPG minimise le potentiel de conflit qui couve en Guinée forestière. Les récents événements de Macenta sont un indicateur de la violence du feu qui bouillonne à l’intérieur du tissu social forestier. Sous Fory Coco, c’était déjà arrivé. On l’oublie trop souvent. Comme Nzérékoré en 1991.
Contre les Peulhs les fils du Fouta, c’est la guerre perpétuelle héritée de Samory. Réactualisée par Sékou Touré à travers ses articles dans la Revue PDG-RDA déjà en 1949, cette guerre, il l’a officialisée en août 1976. Alpha la continue aujourd’hui, notamment avec les survivants du PDG et/ou leurs descendants qu’Alpha a remis en service !
Les Peulhs ne sont que des poux, des tortues… C’est toujours lui qui l’a dit ! A travers son homonyme et préfet de Siguiri, il chasse les Peulhs et les Soussous de Haute Guinée. Avec destruction de leurs biens. Le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation interpelé, la ferme.
Nous sommes en Juin-Juillet 2019 ! A date et par le fer, par le feu et la corruption, il s’est approprié l’Assemblée Nationale, la Justice, la Police, la Gendarmerie, l’Armée, l’Administration, les Finances et la Diplomatie. Cela lui facilite le trucage de toutes les élections et la répression brutale de toute contestation. Il a émasculé l’Opposition et l’a rendue impuissante. En s’accaparant le pouvoir pour un autre mandat, il va pérenniser le règne d’une dynastie communautariste d’un autre âge. Bien entendu, dans le contexte actuel de « Tout sauf un Peulh », aucun Peulh ne peut accéder à la Présidence de la République.
En Guinée, la priorité n’a jamais été de construire le pays mais de combattre systématiquement les Peulhs. L’on notera quand même avec satisfaction qu’aucune des autres communautés nationales en dehors de quelques clans d’extrémistes malinkés, n’ont donné leur caution à la tentative de diabolisation de la communauté peulh qu’Alpha a pleinement utilisé et continue de faire son arme de gouvernance.
La désignation d’une communauté et de ses représentants comme boucs émissaires rendus responsables de tous les maux dont souffre notre pays dans le passé comme dans le présent relève d’un manque de vision aux conséquences malheureusement funestes. Nous pouvons raisonnablement nous poser la question suivante : pourquoi ces vieux démons nous rattrapent – ils aujourd’hui à notre grand dam alors que nous étions en droit de nous attendre à la fraternité retrouvée dans le combat commun pour le développement, pour plus de liberté, de démocratie et de prospérité?
Les violences pré-per-et-post électorales de plus en plus meurtrières
Pendant la campagne électorale de 2010, Alpha Condé a fait sien les thèmes favoris des extrémistes malinkés depuis 1956 pour tenter de braquer les autres composantes de la Guinée contre la communauté peulh considérée par lui comme étrangère chez elle en Guinée. Tout le monde l’a entendu sur les médias nationaux et internationaux appeler à cet effet à la formation d’un « front ». Tout le monde a entendu M.Alpha Condé invectiver les hommes d’affaires peulhs qui n’ont commis de crime que celui d’avoir relativement réussi dans le domaine économique et de ne s’être pas rangés massivement dans son camp pour la conquête du pouvoir. Pour cette raison, ils ont été traités d’éléments mafieux, de trafiquants de drogue et de faux billets.
Alors que toutes les affaires ci-dessus mentionnées ne connaissent même pas un début d’instruction judiciaire ni même un semblant d’excuse ou demande de pardon, une procédure judiciaire expresse est engagée pour l’affaire de Galakpaye dans la préfecture de Yomou en Guinée Forestière assortie de mesures de dédommagements de la part du Gouvernement. Signalons que cette procédure et ces mesures ont été accélérées parce que l’essentiel des victimes du massacre appartiennent à l’ethnie d’Alpha Condé, les Malinkés.
L’intrusion de la Coordination Mandingue au Fouta Djallon et dans les affaires de l’Etat :
Cette Coordination est convaincue que la Guinée est une propriété exclusivement mandingue. Et les Guinéens sont et ne sont que leurs esclaves ! Avec l’appui flagrant du Pouvoir RPG et le blanc-seing donné par celui-ci à l’installation dans la région des Peulhs d’une prétendue « coordination de la Moyenne Guinée » qui n’est en fait qu’un instrument de division des habitants du Fouta Djallon, la Coordination mandingue qui regroupe l’ethnie d’Alpha Condé soutenue par le pouvoir œuvre activement et de manière provocatrice à la mise en place dans la région du Fouta de ce qu’elle appelle le «Manden-Djallon», organisation regroupant toutes les communautés d’obédience mandingue avec un but purement politique. Pour constituer un bras armé pour déstabiliser de l’intérieur cette Région et remettre en question la cohésion sociale séculaire qui y a toujours régné. Les animateurs de cette forfaiture ont noms : Sadou Kéita, l’actuel Gouverneur de Kankan, Mory Sangaré ex. Ministre de l’Education Nationale et le Député PUPR de Bah Ousmane, Feu Diao Kanté.
L’ostracisme qui frappe les non Malinkés dans les administrations d’Etat
Depuis la prise de fonction de M. Alpha Condé à la tête de l’Etat, nous assistons à une noria de nominations dans toutes les administrations publiques ou parapubliques consacrant l’accaparement du pays par les fils de la Haute Guinée. En effet, entre 70% et 80% des nominations dans les départements ministériels et les administrations décentralisées et techniques ont été réservées aux membres de l’ethnie malinké, la Basse Guinée, la Guinée forestière et la Moyenne Guinée recevant des miettes.
-Au Ministère de l’Enseignement pré -Universitaire la maninkalisation du secteur rend les malinkés seuls maîtres à bord. Ici aussi, la nébuleuse coordination mandingue a bien atteint son objectif de monopolisation totale de l’Administration du pays par ses seuls fils.
En effet, sur 44 postes à pourvoir, les malinkés se sont accaparés 31 soit 70,45% et ont laissé 3 aux soussous soit 6,8%, 5 aux peuhls, soit 11,36% et 5 aux forestiers, soit 11,36%.
– Au Ministère des Mines et de la Géologie, les décrets D/2011/253, 254 et 255 du 7 Septembre 2011 portant nominations de 70 personnes donnent 40 postes aux malinkés ( 57,14%) dont 29 titulaires et 11 adjoints, 9 aux Peulhs dont un titulaire et 8 adjoints, les autres ethnies se répartissant le reste. Il en est de même au Ministère des affaires Sociales et dans tous les services techniques et administratifs du pays.
Toutes ces dispositions l’ont été en violation des articles 8 et 20 de notre Constitution qui bannissent la ségrégation au travail en raison de l’ethnie ou de l’appartenance politique.
En réalité, il en va ainsi depuis que le président Alpha Condé est au pouvoir. L’on notera le fait avéré, que dans la plupart de ces décrets, la médiocrité se dispute avec l’incompétence nous éclairant davantage sur la volonté manifeste de celui -ci de faire de la Guinée, n’hésitons pas de le dire, une colonie régentée par les extrémistes malinkés ne cachant guère leur haine contre les autres communautés.
Qu’est ce qui apparaît ? De fait, le Fouta Djallon n’a de contentieux ni avec la Basse Guinée, ni avec la Guinée Forestière, ni même avec de nombreux sages et personnes de volonté appartenant à la communauté mandingue. C’est pour dire que ce ne sont que quelques clans d’activistes et d’extrémistes de cette communauté Mandingue manipulés par le pouvoir, qui par leur propagande mensongère et dangereuse et leurs actions visant à organiser des pogroms contre les peulhs cherchent à remettre en question l’unité nationale et la paix en Guinée.
L’acharnement contre la communauté peulh est récurrent. Il n’y a jamais eu la moindre proposition d’un quelconque jugement ni aucune forme de réparation, ne serait-ce que morale malgré le caractère répétitif de ces faits jusqu’à nos jours. Il s’agit pour eux de consacrer dans le fond l’impunité, laissant ainsi la porte grandement ouverte, aujourd’hui et demain à de nouveaux massacres, pillages, viols, actes et de racisme et d’exclusion. Or le pardon sans la vérité constitue le lit des exactions de demain.
Les extrémistes malinkés doivent comprendre que la réussite économique des Peulhs est le résultat de leur labeur. Elle est le fruit du travail de cet éleveur du Fouta ou de Beyla, de ces petits marchands ambulants qui peuplent les rues de Conakry ou de Dakar, de ce chauffeur de taxi ou de ce vendeur dans les kiosques à café d’Abidjan, de ce petit tailleur de Libreville ou de ce petit commerçant de Luanda ou d’ailleurs en Afrique, en Europe et en Amérique. Ces gens modestes qui, à force de privation se battent pour réussir refusant de développer la mentalité d’éternels assistés, attendant tout de l’Etat. C’est un fait que le cheminement du petit cireur Peulh de Boulbinet qui, à force de travail, parvient à devenir un véritable opérateur économique est le fruit de son refus obstiné de la mentalité d’assisté.
Les discriminations du régime contre les Foulbhè en Guinée :
Dès son accession au pouvoir, le président Alpha Condé a sorti de ses cartons un projet qu’il prépare et nourrit depuis longtemps, celui de réduire à néant le Fouta Djallon.
Dans son projet, Alpha Condé veut réduire à néant le Fouta Djallon, qui représente plus de 40% la majeure partie de la population totale de la Guinée (certaines sources avancent même le chiffre de 45%). Pour réaliser son projet de dominer la Guinée, il faut qu’il divise le Fouta Djallon. Il est persuadé que s’il y arrive, il aura un pouvoir sans partage sur toute la Guinée et qu’il va régner sans conteste sur celle-ci. Dès qu’il arrive au pouvoir à la fin de 2010, il engage une politique discriminatoire contre les Foulbhè. Il commence par chasser les cadres foulbhè des postes de responsabilité de la Fonction publique et des entreprises d’Etat.
A titre d’exemple, citons le cas du département de l’énergie. Dans un mémorandum qu’ils ont adressé, le 5 septembre 2011, au coordonnateur général de l’EDG, l’Electricité de Guinée, les cadres foulbhè marginalisés, puis licenciés, le mois précédent, dénoncent : « Il est scandaleux d’observer que sur les quarante-sept (47) cadres dirigeants dont quarante-quatre (44) nommés par vous, il n’existe plus aucun cadre interne Peulh de l’EDG. »
Le secteur de l’Education Nationale est le plus touché par la politique ethnocentriste d’Alpha Condé. Dans l’Enseignement pré-universitaire et l’Enseignement supérieur, la quasi-totalité des cadres foulbhè sont virés des postes de direction.
La même politique de chasse aux cadres foulbhè est pratiquée dans tous les ministères. A la Télévision Nationale, les journalistes foulbhè ou proches des Partis d’Opposition comme Ibrahim Ahmed Barry, Ciré Dieng et Marie-Louise Sanoussy sont interdits d’antenne. Au ministère des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’Enfance, sur 25 cadres de direction seuls 3 Foulbhè sont retenus.
Dans tous les Ministères, les Directeurs Nationaux, les Directeurs de Cabinet et les chefs de cabinet foulbhè sont démis de leur fonction et remplacés par des personnes à nom mandingue, tous militants du parti au pouvoir, le RPG, même s’ils n’ont pas les compétences requises pour occuper ces postes. La nomination de membres incompétents du RPG-Arc-en-ciel à tous les postes de responsabilité de la Fonction Publique explique, en grande partie, l’inefficacité de l’Administration et l’échec de la politique d’Alpha Condé dans les domaines économiques et sociaux.
Au début du mois d’août 2011, Alpha Condé déclare, devant ses collaborateurs au cours d’une réunion tenue à la présidence de la République : « Je vais continuer notre politique de chasse aux Peulhs. Je vais faire des Peulhs les Palestiniens de l’Afrique ».
Les déclarations racistes anti-foulbhè d’Alpha Condé ne s’arrêtent pas là. Dans une interview à l’agence de presse française AFP et à la radio RFI, M. Alpha Condé déclare le 19 juillet 2011 : « Vous avez trois régions en Guinée [alors qu’il y en a quatre, dont la Moyenne Guinée, pays des Foulbhè, et qu’il oublie ou isole volontairement] : la Haute Guinée, la Forêt et la Basse Guinée, qui sont mandingues »
La colonisation et l’occupation massive de la Guinée forestière par des Malinkés remontent à la Guinée coloniale, quand les Français ont amené en Forêt, zone de cultivateurs, des administrateurs et des commerçants venus des régions du Nord (Haute Guinée). Les Malinkés de la Haute Guinée ont envahi massivement cette Région, s’y sont installés, et s’y sont métissés, ce qui a donné deux branches ethniques, les « Tomamanians » à Macenta et les Konyankés à Beyla. En déclarant que la Basse Guinée, la Haute Guinée et la Région forestière sont mandingues, Alpha Condé veut dresser les ressortissants de ces trois Régions Naturelles de la Guinée contre ceux de la Moyenne Guinée, poursuivant ainsi son diabolique projet d’isolement puis d’extermination des Foulbhè de la Moyenne Guinée.
Bah Mamadou Lamine