Dans le cadre de leurs campagnes électorales respectives, les présidents Faure Gnassingbe du Togo et Alpha Condé de Guinée Conakry ont, parmi tant d’autres, bénéficié des financements de l’homme d’affaires français moyennant la cession du contrôle d’énormes pans de leur économie.
Tout commence en 2009. Accusé d’avoir financé la campagne du président togolais, Faure Gnassingbé, Vincent Bolloré affirme aux enquêteurs n’avoir été au courant de rien. Une version démentie sur procès-verbal par son. bras droit, Gilles Alix. Selon Le Monde, les agendas de Vincent Bolloré mentionnent, pendant la campagne électorale, des réunions avec les pontes de l’agence de communication Havas au sujet du «Togo» et de son «président». Les enquêteurs ont aussi trouvé des courriels où Gilles Alix et le directeur de Havas International faisaient de «nombreuses références aux instructions de Vincent Bolloré» au sujet des prestations de communication à fournir au président du Togo.
Toujours côté togolais, la chaîne Canal+, filiale de Vivendi, a eu le malheur de réaliser un reportage intitulé « Lâche le trône !», sur les manifestations de masse réclamant le départ de Faure Gnassingbé. Le sujet est diffusé le 15 octobre 2017, neuf jours avant le voyage de Vincent Bolloré au Togo pour y inaugurer la salle «Canal Olympia» en compagnie du président Gnassingbé. L’initiative est très mal passée chez Vincent Bolloré. Canal+ a annulé les rediffusions prévues et retiré le reportage de son site internet.
Les faits sont similaires en Guinée. Le groupe Bolloré a obtenu la concession du port de Conakry, juste après l’élection en 2010 du président Alpha Condé, un « ami » qui a bénéficié des prestations de Havas pour 100.000 euros (plus de 65 millions FCFA), financés par Bolloré Africa Logistics. Vincent Bolloré a aussi demandé au journaliste Jean Bothorel, biographe officiel de sa famille, d’écrire un livre d’entretiens à*la gloire d’Alpha Condé, titré «Un Africain engagé». Les 10 000 exemplaires du livre ont été intégralement achetés par Havas et refacturés à Bolloré Africa Logistics pour 70 000 euros (plus de 45 millions de FCFA, quelque 810 000 000 Gnf), puis distribués gratuitement pour les besoins de la campagne et de la promotion internationale du président Condé. C’était «une bonne idée pour le groupe de mieux faire connaître l’Afrique’ et le possible « Mandela” de demain à nos clients», s’est défendu Vincent Bolloré face aux policiers, selon Le Monde. Toujours en Guinée, Vivendi, contrôlé par Bolloré, a organisé en 2015, pendant la campagne présidentielle, un concert géant à la gloire du président candidat Alpha Condé. Il a ensuite offert à la Guinée une salle de spectacles «Canal Olympia».
Dix-septième fortune de France, Vincent Bolloré contrôle le groupe Vivendi, ses filiales Canal+ et CNews, le groupe de communication Havas et un empire logistique en Afrique. Sa fortune est estimée à 5,7 milliards d’euros, soit plus de 30 727 milliards de FCFA. .