Le préfet est le représentant de l’État, représentant du Chef de l’État et chacun des membres du Gouvernement, dans les collectivités territoriales.
À ce titre il a pour mission :
– la territorialisation des politiques publiques. Ce qui fait de lui un administrateur chevronné et instruit du fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
– la Gestion des populations en assurant le respect des lois de polices et de sûretés. À ce titre, dans les conditions d’une administration viable et structurée avec un catalogue rigoureux des emplois publiques, le préfet est normalement et obligatoirement un administrateur civil, pour peu que le souci de la gestion efficiente des territoires soit à l’ordre du jour, une priorité de l’Etat, En France, instituée par Napoléon en 1800, l’institution préfectorale a vu son rôle profondément transformé par la décentralisation. Les préfets remplissent une double mission à la tête du département: ils représentent l’État et détiennent le pouvoir exécutif. (Le préfet est un haut fonctionnaire nommé en conseil des ministres, par décret du président de la République, sur proposition du Premier ministre et du ministre de l’intérieur.)
La parenthèse montre que le rôle du préfet est le même chez nos « maîtres à penser » que chez nous, en Guinée où pratiquement, le préfet ne joue aucun rôle qui lui est dévolu, selon les textes réglementaires. Il est plutôt un représentant du parti au pouvoir alors que sa fonction est incompatible avec l’exercice de toute activité politique ou politicienne. Il est jugé et apprécié sur sa capacité de mobilisation et d’animation des activités du parti au pouvoir. Il a aussi l’obligation d’interdire toute activité politique en dehors de celles du parti au pouvoir. Les miliciens du PDG avaient une mission de mobilisation des militants et d’animation des activités du parti nonobstant le rôle de délation qui leur était dévolu.
Des politiques publiques, le préfet de la république n’en sait rien parce que généralement il ignore ce qu’est une politique publique et cela ne fait pas partie de sa feuille de route. Il joue le rôle du secrétaire fédéral sous le régime du PDG qui est l’unique école de gouvernance encore en vigueur en Guinée.
Ceci dit, ce qui est curieux dans la gouvernance du gouverner autrement, c’est l’inculture qui caractérise la gestion des préfets dont les permutations sont devenues tellement courantes qu’on se demande si l’administration du territoire se préoccupe des populations. Le cas le plus dramatique est illustré par la dernière « permutation » (titre lu sur les ondes) des préfets par décret de l’éminent professeur spécialiste du gouverner autrement.
Ainsi Mme Gnalen Condé qui était en poste à Fria, est nommé dans la même fonction à Dabola. C’est de cette préfecture que cette dame avait été chassée par la population. Elle est sortie nuitamment pour rejoindre son poste à Fria. Elle vient d’être ramenée à Dabola, les populations de Fria dansent pendant que celles de Dabola se barricadent, pestent et protestent. Il est clair que Gnalen ne gérera pas les populations de Dabola. Elle y sera protégée par des gardes armées, prêts à exécuter les ordres. Dans le même décret de permutations, le préfet de Dinguiraye est muté à Fria. Dinguiraye jubile de joie surtout de notoriété publique à Dinguiraye, le colonel de gendarmerie est un illustre illettré, incapable d’écrire son nom mais très doué en affaires car non seulement il est toujours en voyage à l’étranger, mais gère ou est propriétaire d’un parc d’automobiles à Conakry. Pendant ce temps, dans la préfecture de Dinguiraye, il quitte avec un soupçon de détournement de fonds versés par la SMD. Est-ce vrai ? Nous n’avons eu aucune réaction des organismes de contrôles des comptes publics. En attendant, il va passer le service et le silence sur cette affaire passera par là.
Gouverner autrement serait-ce cela aussi ?
Vive la Guinée à la prospérité partagée
Lansana Bangoura