Il a fallu tout revoir. Tout réécouter. Tout peser pour être réellement fixé. Voici ce que dit Ibrahima Kassory Fofana devant les députés. Le passage est un peu long. Toutes nos excuses ! « Quand le président de la République, Alpha Condé, a appris qu’il y a des casses de maisons à Dubréka, il m’a interpellé que si cela est vrai, il va démettre le préfet de ses fonctions. J’ai convoqué le préfet de Dubréka avec ses services. Il m’a dit qu’il n’était au courant de rien et que l’instruction est venue de Conakry. Le président Alpha Condé était dans tous ses états. Il a dit qu’il n’a pas donné l’ordre de détruire les maisons et qu’il n’était même pas au courant. Quand nous avons rencontré le ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire avec le président de la République et moi-même, nous nous sommes rendu compte que l’ordre qu’il a donné était de récupérer les domaines de l’État. L’équipe est en train d’être constituée et elle n’a pas commencé à travailler. L’ordre de casser les maisons, personne ne sait d’où il est venu. C’est la vérité. »

Cette vérité-là n’aurait jamais dû exister, à plus forte raison sortir de la bouche d’une quelconque autorité d’un pays prétendument organisé, dont la pseudo indépendance et le semblant de liberté datent de plus de 60 ans. Allez à Dubréka ! Au rond-point du KM 5, faites demi-tour, direction : Conakry. Le siège préfectoral de la gendarmerie nationale est juste à votre droite. Les banderoles de campagne d’Antonio Souaré y flottent encore. Bien visibles partout sur la façade du bâtiment principal. A quelques encablures de cette gendarmerie, toujours à droite, vous verrez un immeuble d’au moins trois étages, une école privée à ce qu’il semble. Que l’on est en train de découper, de scinder intelligemment, méthodiquement en deux. Juste pour satisfaire les exigences des casseurs on ne peut plus cyniques. Au nez et à la barbe des gendarmes de Dubréka.

L’immeuble est tout en longueur, tout en hauteur. Malheureusement, c’est dans le sens de la largeur qu’il faille démolir « pour récupérer les biens de l’État.» La question n’est plus de savoir pourquoi les gendarmes de Dubréka n’ont pas informé le Premier Ministre de l’ampleur des ravages que notre État de droit est en train de semer tout autour de leur bureau. La question est de savoir si le propriétaire de ce qui va rester de l’immeuble a bien l’intention d’y mettre des êtres vivants. A plus forte raison des élèves.

Kassory n’a pas été sérieux. Il n’est pas sérieux. Il ne doit pas regarder les députés, droit dans les yeux et affirmer qu’Alpha Condé « a dit qu’il n’a pas donné l’ordre de détruire les maisons et qu’il n’était même pas au courant…» Un président de la république ne doit pas dire ça. Un jour, quelqu’un vendra une partie de Mandiana, il ne le saura pas.

DS