Par la force et la brutalité, les farces de l’ordre avaient réussi à imposer ces derniers mois le calme sur l’Axe Hamdallaye-Kagbélin. Mais les vieux démons ont fini par se réveiller dans la nuit du 15 avril à Koloma-marché, commune de Ratoma. Vers 22h, des jeunes, dont certains revenaient de la mosquée, ont affronté la bande de bidasses et de flics postés non loin du Pont métallique qui surplombe le marché Koloma. Jets de pierres contre gaz lacrymogènes et tirs de sommation. C’était la débandade totale pendant près d’une demi-heure, les commerces ont rapidement fermé.

Ces tensions auraient duré pratiquement toute cette semaine. Une dispute aurait eu lieu, dans la nuit du mardi 13 avril, entre un groupe de jeunes qui ne portaient pas de masque et la flicaille. Un certain nombre de jeunes sont mis aux arrêts. Depuis, chaque camp accuse l’autre de provocation : « Les jeunes accusent les forces de l’ordre de les racketter quand ils reviennent de la mosquée. Toute cette semaine, des incidents ont été signalés. Dans la nuit du 15 avril, un véhicule de police roulait vers Bambéto, les jeunes ont commencé à leur jeter des pierres. Ils ont répondu par des tirs de sommation. Le 14 avril également, il y a eu la même scène, des jeunes ont été arrêtés. Il y a quelques jours, les responsables des agents postés au marché Koloma ont informé ceux de la mosquée turque de Bambéto que des jeunes qui revenaient de la prière leur jetaient des pierres. Ces derniers ont sensibilisé les jeunes, mais en vain », explique un habitant de Koloma.

Mais un jeune leader de l’Axe confirme que ces affrontements ont éclaté à cause du non port de masque. « L’information que j’ai reçue c’est que depuis le début du mois de ramadan, la police rançonne les fidèles qui ne portent pas de masque. Et excédés, les jeunes ont réagi ». Les flics ont finalement procédé à des arrestations : « Une dizaine de personnes dont des vieux se trouverait à la CMIS de Bambéto. Nous sommes dans les démarches pour obtenir leur libération. Les jeunes ont protesté contre les rackets dans la zone parce que dans les autres quartiers, cela ne se fait pas ».

Yacine Diallo