Par courrier, le ministère  de la Ville et de l’Aménagement du territoire a sommé le Secrétaire général des Affaires religieuses de fermer les deux cimetières de Kaporo-rails. Le ministre Ibrahima Kourouma argue que les deux cimetières n’ayant plus leur place dans la Zone d’aménagement concerté (ZAC). Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire des habitants de la zone et de nombreux Guinéens, qui voient derrière cette opération une intention de supprimer les traces des centaines de jeunes assassinés pendant les manifestations politiques. Face au tollé général, Ibrahima Kourouma semble faire machine arrière : «Ce serait pour une période, c’est juste pour une ou deux semaines, le temps pour nous de finir les travaux qui sont en train de se faire à ce niveau. Nous voulons que ces travaux se fassent sans pour autant nuire aux populations qui viennent faire des enterrements à ces endroits. Je tiens à préciser que c’est une situation temporaire, elle est momentanée. Elle ne durera pas assez longtemps, elle ne prendra peut-être qu’une ou deux semaines, le temps pour nous de terminer les terrassements. Nous avons souhaité faire intervenir les religieux pour que la situation se passe normalement. Je tiens à préciser qu’il n’y aura pas de démolition de cimetière, aucun cimetière ne sera rasé».

Ibrahima Kourouma, qui se dit mortel, musulman, humain très démon, loin de là : «A partir du mois de mai, il y aura des travaux tout près des cimetières, il faut quand même respecter les morts. Nous sommes des croyants, des humains, nous n’allons donc pas accepter que ceux qui viennent enterrer leurs proches se mélangent aux machines, à la poussière. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre cette mesure temporaire. Nous avons du respect pour les corps, pour les familles, et nous sommes conscients que chacun va mourir».

Les victimes du déguerpissement de Kaporo-rails et de Kipé2, ne s’en laissent pas Conder : «Les propos d’Ibrahima Kourouma soutenant qu’il s’agit d’une fermeture momentanée qui exclut toute démolition ne visent qu’à divertir l’opinion… L’acte administratif prime sur une simple déclaration. Fidèle à ses pratiques, Ibrahima Kourouma cherche à temporiser pour passer à la vitesse supérieure quand le moment lui sera favorable».

Yacine Diallo