Le 26 avril vers 10h, les cabanes des mendiants établis sous le pont 8 novembre ont été cassées et brûlées. Les mendiants qui y avaient élu domicile accusent des éléments de la police verte relevant du Gouvernorat de la Ville de Conakry de faire une descente musclée dans leur coin pour  brûler tout sur leur passage.

Aboubacar Touré, handicapé physique, assis sur son fauteuil roulant, n’en revient pas. Les agents de la police verte ont tout cassé chez lui à son absence. « Nous ne savons pas ce qu’ils nous reprochent. Chaque fois, ils viennent nous chasser sans nous avertir. Dès que nous sortons, ils viennent brûler nos biens, prendre notre argent. Aujourd’hui, nous ne savons pas où aller. Nous manquons de tout, jusqu’aux frais de transport. Tout. Pourtant, quand ils avaient cassé la fois dernière, ce sont les mêmes qui sont revenus nous dire de nous réinstaller. Et aujourd’hui, ils attendent que nous sortions pour venir brûler nos biens, nos habits, le peu d’argent qu’on nous donne par-ci, par-là argent, nos assiettes…)  Ce sont les mêmes autorités qui sont venues nous demander pardon, qu’elles ne vont plus nous toucher. Ces agents de police pouvaient venir nous demander de quitter pacifiquement, surtout nous dire la vérité. Ou bien nous donner un préavis. Mais venir brutalement casser là où nous sommes, c’est vraiment grave, on dirait que nous ne sommes pas des Guinéens »

  N’na Binty Diakité Kaba, sexagénaire, est en sanglots. Elle arrive à peine à marcher. Elle déplore l’agissement des agents : « Nous n’avons rien fait à quelqu’un. Nous les avons aperçus avec de l’essence venir vers nous. Ils ont tout brûlé. Nous demandons à Alpha Condé d’arrêter, il n’a qu’à dire à ses collaborateurs d’arrêter. S’il n’arrête pas de nous faire pleurer, il verra, parce que nous sommes des pauvres ». Une délégation de ces handicapés victimes de l’incendie s’est rendue au Gouvernorat.

Le mois passé, les handicapés physiques avaient barricadé la route sous le pont 8 novembre pour dénoncer leur condition de vie. Ils avaient été violemment dispersés par la police. D’ailleurs, une vidéo où un policier avait malmené un handicapé était virale sur les réseaux sociaux.

Ibn Adama